de la presqu’île armoricaine et toute la rive droite de la Loire maritime[1].
Veneda existait d’ailleurs encore à l’époque de l’invasion des Normands et devait se trouver quelque part près de Clis, de Kramagen, de Beslin, du Pouliguen ou de Saille, dans cette zone littorale presque entièrement occupée aujourd’hui par des salines. L’emplacement exact est d’ailleurs assez difficile à préciser. Toute la région est à peu près colmatée depuis plusieurs siècles, et même en partie cultivée ; mais l’ancienne topographie des lieux peut être assez bien reconstituée ; et il est certain que les territoires de Batz et du Croisic étaient autrefois tout à fait isolés en mer et séparés de la terre ferme par un détroit navigable ; que les atterrissemens ont peu à peu comblé ce détroit et l’ont transformé en marais salans. Saille, le Croisic et Batz étaient jadis trois îles distinctes. Aujourd’hui encore, bien que définitivement relié au continent, le plateau de Batz s’appelle toujours « l’île de Batz. » Les étangs salés qui séparent les superbes rochers du Croisic de la falaise de Guérande, et les bas-fonds marécageux qui les entourent portent le nom de « Grand-Traict » et de « Petit-Traict, » dont l’étymologie transparente, trajectus, passage, indique bien qu’il existait alors entre les îles et la terre un goulet plus ou moins profond, mais très certainement accessible aux bateaux. L’île de Batz est encore mentionnée dans des actes du IXe siècle sous le nom d’insula Bafus[2]. Ses habitans ont conservé des mœurs pour ainsi dire insulaires, un grand attachement à leurs coutumes locales, un dialecte à part. C’est une conviction pour eux, — et la pureté, et la fixité de leur type semblent leur donner un peu raison, — qu’ils sont d’une autre race que les populations bretonnes qui les entourent. Ils se disent d’origine saxonne ou Scandinave, et tiennent encore à conserver par des mariages presque exclusivement contractés entre eux leurs noms, leur caractère et leur sang.
On le voit donc, d’une manière générale, à part quelques rectifications partielles, quelques déplacemens de berges et de bas-fonds, quelques rattachemens isolés à la terre ferme, comme ceux des anciennes îles d’Indret et de Paimbœuf, la Loire maritime n’a