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Côtes et ports français
de l'océan


IV.  La Loire MARITIME[1]


I

On ne lit pas sans un certain étonnement dans quelques auteurs classiques du Ier siècle que la Loire roule toujours des eaux azurées et tranquilles. Il est vrai que ce sont en général des poètes ; et il est probable qu’ils n’avaient entrevu le grand fleuve qu’au cours d’une paisible villégiature, dans cette belle et riche vallée qu’on continue à appeler, un peu par habitude peut-être, le « jardin de la France, » à l’ombre des arbres de ces belles forêts riveraines au feuillage argenté, ou dans une de ces nombreuses îles verdoyantes qui font le bonheur des peintres et le tourment des ingénieurs[2].

La Loire est au contraire le fleuve le plus capricieux, le plus inégal, le plus indiscipliné peut-être de la France, et ses eaux sont presque toujours jaunes et troubles. Tantôt paresseuse et presque à sec, brusquement violente et en crue, elle arrête la navigation par ses bancs de sables mobiles ou

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1899 et 15 janvier 1900.
  2. Cœrula lympha Liger. Tibull., I, VII, v. 12.
    Jam placida Ligeris recreatur unda. Lucan., Phars., I, v. 439.
    Flumen clarum Ligerim. Plin., IV, XXXII, 18.