montrera, je pense, que cette œuvre, conçue, au contraire, en haine de l’ingérence étrangère, a été, en dépit de quelques formules nécessaires, essentiellement turque dans son esprit et dans le » diverses circonstances de sa vie éphémère.
J’ai à peine besoin de rappeler ici la série des événemens qui avaient, depuis quelques années, singulièrement ébranlé la monarchie ottomane. Insurrections, guerres, autonomies, interventions et surveillances européennes, avaient donné tour à tour des résultats, les uns funestes à sa puissance, les autres infructueux. Elle avait opposé la force d’inertie, et les rivalités des Cabinets garans lui avaient été utiles ; mais la combinaison des épreuves subies et des réformes avortées avait amené dans son état intérieur une sorte de langueur générale et d’anarchie latente non moins redoutable que les crises. Elle en était venue à l’une de ces phases, de ces échéances politiques où, les moyens d’action étant successivement discrédités, des renouvellemens quelconques s’imposent. Plusieurs faits sinistres qui se produisirent coup sur coup, symptômes d’un mal profond, démontraient l’imminence du péril.
Ce fut d’abord, en octobre 1875, l’iradé qui suspendit les paiemens de la dette, ruina les porteurs de titres, tarit les sources de la fortune publique, et souleva chez les innombrables victimes de ce désastre, indigènes ou étrangères, une légitime indignation. Les marchés européens devinrent systématiquement hostiles, surtout quand ils constatèrent l’impuissance des syndicats qu’ils avaient constitués. En même temps, les provinces slaves, la Bosnie et l’Herzégovine, encouragées par l’exemple et la propagande serbes et par les menées des émissaires russes, devenaient le foyer de troubles permanens qui éclataient d’abord à Podgoritza, puis se propageaient sur tout leur territoire. Bientôt, dans les vilayets bulgares, travaillés par le panslavisme des maîtres d’école, des popes, des agens du dehors, s’organisait une résistance occulte, de plus en plus menaçante. La création de l’exarchat bulgare, que jadis la Porte avait acceptée, moitié par faiblesse, moitié par le fallacieux espoir d’affaiblir les groupes chrétiens en les divisant, avait au contraire fortifié cette race en donnant aux populations un centre national et religieux. Toute une Bulgarie anticipée se