Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/619

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plâtre et de sciure d’acajou, achetée aux fabricant de meubles et recherchée pour son grain sec, qui absorbe les corps gras.

Tous ces procédés sont dans le domaine public ; ceux de teinture, au contraire, constituent, pour chaque maison, un secret particulier. Le pelletier doit, en teignant le poil avec des mordans, ménager le cuir, qui ne supporterait pas une trop haute chaleur. Aussi ne dépasse-t-on guère 30 degrés dans ce travail de « lustrage. » Il y a vingt ans, les teintes claires étaient seules réussies ; par suite des progrès réalisés, l’ « imitation loutre, » naguère inconnue ou médiocre, est devenue le triomphe du métier. On y réserve le pur des du lapin, plus fin que les côtés ; l’extrémité du poil est coupée, « arasée, » puis, colorée à la brosse. Pour faire le chinchilla, où les pointes seules doivent être teintes, on colore à la plume, et, pour simuler certains pointillés naturels, on sème à l’aiguille des poils de blaireau parmi ceux du lapin. Cet ensemble d’opérations, qui reviennent en moyenne à 0 fr. 80, pour des peaux vendues, suivant leur qualité, de 12 à 30 francs la douzaine, se termine par le « détirage, » dont le but est de restituer au cuir ses longueur et largeur premières.

Le plus beau collet de « loutre, » à la confection duquel participent une vingtaine de peaux de lapin, doublées de bougran et de ouate, est offert au public pour 100 francs ; en vraie loutre de Behring, il coûterait 600 francs, et, en loutre du Kamtchatka, 7 000 à 8 000 francs. Celle-ci provient d’animaux capturés dans les mers de Chine et du Japon, dont le poil serré, pressé, plus fin que la soie, a 4 centimètres de hauteur ; tandis que celui des loutres de Behring ou d’Alaska est, au maximum, de 15 millimètres. A l’état brut, la peau des premières se vend jusqu’à 1 200 francs ! Celle des secondes ne passe pas 130 francs. Leur taille, il est vrai, est beaucoup moindre, — 1m, 20 de longueur au lieu de 2 mètres. — Quant à la loutre française de rivière, ayant 0m, 80 de long, elle ne vaut pas plus de 12 à 15 francs.

Les fourreurs actuels utilisent le pelage d’une faune extrêmement variée ; elle comprend 600 espèces, depuis la vulgaire peau de brebis, qui garnit la pelisse du paysan, jusqu’aux zibelines valant leur poids d’or. Au moyen âge, les classes aisées portaient, beaucoup plus qu’aujourd’hui, des vêtemens chauds ; parce qu’à l’intérieur même des maisons, elles souffraient du froid. On ne connaissait cependant que la sauvagine autochtone ; sous les noms de « gris » et de « menu vair, » ce qui doublait les cotardies