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doit gagner, brut, 30 pour 100, sur lesquels il prélève ses frais généraux. La façon est à peu près la même que pour le précédent et les fournitures comportent deux mètres et demi de ruban à 0 fr. 20 le mètre, et un piquet de fleurs à 0 fr. 25. Puis on arrive au chapeau demi-bourgeois, que des industries spécialisées offrent à prix fixe ou qui sont marqués « à l’œil, » à des taux variables, suivant leur aspect plus ou moins flatteur, par les magasins de nouveautés. Pour ces derniers, au reste, la lutte est difficile ; ils ont beau « sacrifier » les articles chers, leurs rayons, sous ce rapport, demeurent ternes et les bonnes faiseuses croient déchoir en entrant à leur service.

Avec le prix augmentent et la façon et les fournitures : celles-ci reviennent plus cher qu’on ne se le figure. Il semble qu’il entre si peu de marchandise dans un chapeau ! Les grandes maisons ont une ou plusieurs employées exclusivement préposées à la manutention et au contrôle des matières mises en œuvre par l’atelier : elles établissent, sur une fiche séparée, le détail de chaque coiffure, en inscrivant, au-dessous du chiffre invariable de 10 francs pour la façon, la valeur d’achat des étoiles, fleurs et plumes, des colifichets multiples, des riens délicieux qui en font l’ornement. En haut de ces feuilles, constituant l’état civil de l’objet, sont ménagés des blancs, où l’on porte le nom de la garnisseuse, de la vendeuse, et enfin de la personne qui l’achète. Au bas, figure le total des débours,… que l’on double pour déterminer le prix de vente. Le bénéfice est donc de 60 francs sur un chapeau de 120 francs. Est-ce trop payer l’inspiration, et le génie se peut-il marchander ? Le fait est qu’il se marchande souvent et que souvent il se livre gratis. Une cliente gentille, mais peu aisée, demande-t-elle un rabais ? La maison, sur sa belle mine, n’hésite pas à le consentir ; il y a beaucoup de sentiment dans la mode, et la réclame y est toujours utile. C’est ainsi que les actrices paient un prix de faveur ou que l’on propose même à quelques-unes de leur fournir pour rien leurs chapeaux « de ville, » à la condition de leur faire aussi les chapeaux de théâtre, qui constituent la meilleure des publicités.

Parmi les élégantes enragées, parmi les demi-mondaines richement pourvues, qui commandent chaque année pour 5 000 et 6 000 francs, — un procès récent, plaidé devant le tribunal de la Seine, mit aux prises avec sa modiste, pour un solde de facture assez bénin, une dame qui avait en cinq ans, depuis 1894, fait