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Napoléon. Jusqu’ici, le phénomène de l’Impérialisme national ne s’était présenté dans l’histoire qu’une seule fois, dans le césarisme des Romains ; et, à présent, ce même phénomène se reproduit dans la manie du jingoïsme anglo-saxon. Aussi les analogies sont-elles réellement frappantes. A Rome comme à Londres, l’observation la plus stricte du droit entre citoyens, et, en même temps, un manque de respect qui frise le dédain pour les droits des autres peuples[1]. De la part de Rome, la ferme volonté de dominer tout le monde connu par son armée de terre ; chez le peuple du Rule Britannia, l’axiome de dominer toute la terre par sa flotte. Les proconsuls romains, tout comme les High Commissioners anglais, accordant aux nations conquises le selfgovernment dans la plus large mesure, à cette seule condition, que formulait M. Chamberlain le 19 octobre : « que nous aurons le droit d’employer la force pour obtenir la soumission à nos volontés that we shall have the right to use force to compel submission to our will[2]. » Alors comme à présent, deux sortes de colonies, dites Senatus et Imperatoris à Rome, et selfgoverning and Crown-colonies à Londres. A Rome, la concentration de l’impérialisme dans l’idée hautaine du civis Romanus, que, fût-il le plus triste des aventuriers, toute la puissance de l’empire devait couvrir ; à Londres, M. Chamberlain prononçant son plaidoyer éloquent pour le British subject[3], l’idole devant laquelle tous les drapeaux de la flotte et de l’armée s’inclinent. L’auri sacra fames, attirant tout l’or du monde vers Rome pour permettre, déjà au temps de la République, au parvenu Crassus d’amasser un capital de 85 millions, à Lucullus de briller à ses dîners de 400 000 francs, et, au temps des Césars, à l’empereur de dépenser 600 000 francs pour ses roses  ; en Angleterre, le luxe inouï des uppertenthousands, les Reits, les De Beers et les Rhodes amassant des fortunes incalculables, et un ministre de la couronne payant des prix fous pour ses orchidées. A Rome, Cicéron déployant toute son éloquence contre le crime d’un Verres ; à Londres, les dignes successeurs de Burke fulminant contre un jingoïsme impérialiste qui blesse leur conscience. A Rome, le cri déchirant : « Vare, Vare, redde mihi legiones meas ! » et, dans son palais de Windsor, la reine d’Angleterre fondant en larmes sur

  1. Voyez, sur la manière dont ils ont traité mes compatriotes, Tacite, Annales, IV. c. 72 s. s. Cf. Zeifschrift für Gymnasialwesen, t. III, novembre, p. 263.
  2. Acts of Parliament, p. 267 et p. 299.
  3. Voyez Marquardt, Röm-Stantsrewaltungf, II, V, 256 et suiv. et Friedländer. Sittengeschichte Roms, III, 98.