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trois ans leur concours pour le maintien de la sécurité du pays et forment avec leurs engages de petits corps de partisans ; ils sont à l’égard des indigènes de vrais agens de surveillance et de direction.

Pour que l’expérience présentât toutes les garanties de succès et de durée, il faudrait qu’ils pussent se marier avec des femmes françaises. La ménagère n’est guère un produit exotique et pourtant, ainsi que le mot l’indique, elle est, pour la réussite d’une exploitation, un élément essentiel. En outre le métis est une mauvaise solution. Ce sont de vrais enfans de France dont il faut semer la race en Emyrne. Cette nécessité de faciliter le mariage à nos colons n’est pas passée inaperçue. Le comte d’Haussonville a parlé ici même[1] de l’œuvre fondée par Mme Pégard : la Société d’émigration des femmes, inspirée de la grande œuvre anglaise « United British Women emigrations association. » Qu’il s’agisse de créer une émigration féminine ou d’obtenir de l’Etat des congés sans frais qui permettent à nos soldats libérables de venir se marier on France, l’essentiel est de réussir. Et si le problème trouve sa solution, si l’administration met tout en œuvre pour la faciliter, on est en droit de prévoir sur ce plateau central si sain de Madagascar la formation d’une race de petits colons de bon sang français, trempés, habitués à peu, tenant à ce sol qu’ils auront mis en œuvre, ayant gardé l’habitude héréditaire du fusil. Et, qui sait, ce sont peut-être des Boers français qu’on préparerait ainsi !


Nous n’avons envisagé jusqu’ici que l’emploi colonial des troupes européennes. Sans remplir le même rôle, certaines troupes indigènes peuvent être, elles aussi, largement utilisées. C’est ainsi que, dans le haut Tonkin, les postes de tirailleurs tonkinois autour desquels se groupaient leurs familles ont été, dans les régions dévastées par la piraterie, les premiers agens de reconstitution locale. Ils y ont ainsi formé, comme l’indiquait la lettre de M. le gouverneur général Rousseau précédemment citée, « une population provisoire à l’abri de laquelle se reconstituaient la population réelle et la remise en exploitation du sol. » C’est ainsi qu’à Madagascar des postes de tirailleurs hovas, établis sur de grandes voies de communication, traversant des régions désertes, ont été transformés en villages militaires avec

  1. Revue des Deux Mondes du 15 juin 1898.