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il les gaspille ? que ses habitans seront ses aides, ses collaborateurs de demain, il les maltraite ? Non.

Du reste, les traits généraux de cette politique ont été magistralement exposés dans les instructions fondamentales du général Galliéni, en date du 22 mai 1898 :


Le meilleur moyen pour arriver à la pacification dans notre nouvelle colonie est d’employer l’action combinée de la force et de la politique. Il faut nous rappeler que dans les luttes coloniales nous ne devons détruire qu’à la dernière extrémité, et, dans ce cas encore, ne détruire que pour mieux bâtir. Toujours nous devons ménager le pays et les habitans, puisque celui-là est destiné à recevoir nos entreprises de colonisation future et que ceux-ci seront nos principaux agens et collaborateurs pour mènera bien nos entreprises. Chaque fois que les incidens de guerre obligent l’un de nos officiers coloniaux à agir contre un village ou un centre habité, il ne doit pas perdre de vue que son premier soin, la soumission des habitans obtenue, sera de reconstruire le village, d’y créer un marché, d’y établir une école. C’est de l’action combinée de la politique et de la force que doit résulter la pacification du pays et l’organisation à lui donner plus tard.


L’action politique est de beaucoup la plus importante. Elle tire sa plus grande force de l’organisation du pays et de ses habitans.


Au fur et à mesure que la pacification s’affirme, le pays se cultive, les marchés se rouvrent, le commerce reprend. Le rôle du soldat passe au second plan. Celui de l’administrateur commence. Il faut d’une part étudier et satisfaire les besoins sociaux des populations soumises : favoriser d’autre part l’extension de la colonisation qui va mettre en valeur les richesses naturelles du sol, ouvrir les débouchés au commerce européen.

Et pour terminer ces citations par cette dernière qui en résume l’esprit :

Les commandans territoriaux devront comprendre leur rôle administratif de la façon la moins formaliste. Des règlemens, surtout aux colonies et en matière économique, ne posent jamais que des formules générales prévues (pour un ensemble de cas, mais inapplicables souvent au cas particulier. Nos administrateurs et officiers doivent défendre au nom du bon sens les intérêts qui leur sont confiés et non les combattre au nom du règlement.


II

Voilà pour la première période : conquête, occupation, pacification.

Voyons ce que devient la méthode, en quoi consiste le rôle colonial de l’armée dans la période suivante, dans la vie normale du pays pacifié.