Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

centre télégraphique que la France aurait pu établir elle-même, il y a quelques années.

On a remarqué, sans doute, l’information publiée, il y a quelque temps, par les journaux américains, annonçant que l’Allemagne avait obtenu l’autorisation de faire atterrir un câble sur le littoral des États-Unis. On a lu également les dépêches amicales qui ont été échangées à cette occasion entre l’Empereur allemand et le Président Mac Kinley. Or, cette autorisation et cet échange de télégrammes visaient ce projet. Dans dix-huit mois, deux ans au plus, un câble transatlantique sera posé entre l’Allemagne et l’Amérique, en passant par les Açores. Il sera établi par une compagnie allemande, avec le concours du gouvernement, et l’entreprise est placée, dès à présent, sous le plus haut et le plus officiel des patronages. Tous ces faits montreraient, si cela était encore nécessaire, l’importance donnée, dans tous les pays maritimes, à la question des câbles télégraphiques.


On serait injuste si, après avoir indiqué ce que font ou veulent faire les autres pays, on passait sous silence ce qui a été réalisé en France pour commencer au moins à garantir notre pays contre certains dangers.

Il y a trois ans seulement, il n’existait, comme entreprise télégraphique française, qu’un petit réseau de câbles reliant quelques-unes des Antilles entre elles et à l’Amérique du Sud ; puis une seule ligne transatlantique entre Brest et les Etats-Unis, sans débouchés assurés en Amérique, dépendant par conséquent des compagnies anglaises et américaines, et à peu près complètement asservie par elles.

Dans le courant de ces trois dernières années, un effort intéressant a été fait pour rompre le cercle d’hostilités concurrentes qui avait paralysé jusqu’alors toutes les entreprises françaises de télégraphie sous-marine.

Un premier câble a été établi entre Haïti et l’Amérique du Nord, pour relier le réseau des Antilles au câble transatlantique qui venait aboutir à Brest. Ce câble transatlantique a été lui-même doublé par une nouvelle ligne sous-marine qui relie directement Brest à New-York. La nouvelle ligne est la plus longue qui existe actuellement : elle a plus de 6 000 kilomètres ; sa construction et son immersion ont présenté des difficultés exceptionnelles, et, pour ses débuts, l’industrie française a accompli une