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Le même travail fut entrepris immédiatement sur l’autre câble allant dans la direction de la Havane. Ce n’est encore qu’à 60 pieds du rivage que ce câble put être croche, pendant que les navires redoublaient leur feu, en faisant passer les obus par-dessus la tête des hommes travaillant sur les canots. La position devenait cependant dangereuse, car les Espagnols commençaient à tirer vigoureusement sur les Américains ; les balles pleuvaient autour des canots et déjà quelques hommes étaient blessés. Le câble fut coupé de la même façon que l’autre, et rejeté à la mer. En le relevant dans ces petits fonds, on avait aperçu un troisième câble. Les Américains voulurent aussi le couper, et ils avaient déjà mis des grappins à la mer pour le crocher, lorsque le feu des Espagnols devint si vif que l’opération dut être abandonnée. Les canots furent ramenés aux navires, ayant perdu plusieurs hommes ; les navires eux-mêmes avaient été sérieusement éprouvés par le feu des Espagnols, puisque le commandant de l’un d’eux, le Nashville, avait été atteint. Mais, par une chance heureuse, les Américains avaient bien coupé les deux câbles qui desservaient Cienfuegos ; le troisième câble qu’ils n’avaient pu toucher mettait simplement en communication la guérite avec Cienfuegos, et n’avait aucune importance.

Le résultat de cette opération dangereuse était d’une valeur capitale. La rupture des câbles de Cienfugos isolait complètement la Havane, et privait de toute communication entre eux le maréchal Blanco et l’amiral Cervera, enfermé à ce moment dans le port de Santiago.

Mais, malgré tous ces efforts, Santiago restait encore en relation télégraphique avec l’extérieur, par les câbles anglais de la Jamaïque et par le câble français d’Haïti. Ce n’est que le 7 juin que le câble français put enfin être coupé. La nouvelle de l’interruption ne fut pas inexacte cette fois. La rupture eut encore lieu près de l’atterrissage et par de tout petits fonds, après un bombardement de la côte qui chassa les Espagnols vers l’intérieur. Les Américains débarquèrent aussitôt des troupes, et c’est à ce moment qu’ils commencèrent à occuper les environs de Santiago.

Quant aux câbles anglais de la Jamaïque, venant atterrir dans la passe de Santiago, sous la protection des forts espagnols, ils ne furent pas coupés, malgré plusieurs tentatives dont la première produisit l’erreur plaisante qui a été racontée. Tous les dragages faits en pleine mer furent sans aucun résultat, et, comme