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d’échouage. Mortagne conserve encore son château fort, entouré de remparts, qui rappelle l’époque de la domination anglaise. Mêmes dispositions qu’à Port-Maubert, c’est-à-dire un chenal communiquant avec un bassin à flot par une écluse qui permet de faire des chasses régulières. Les installations de Saint-Seurin-d’Uzet sont plus modestes, mais suffisantes. A signaler seulement le joli château du XVe siècle, resté sur la falaise qui domine la Gironde et qui semble indiquer que le petit port avait jadis plus d’importance qu’aujourd’hui. Les Monards étaient au XIVe siècle un port d’embarquement pour l’Angleterre ; ce n’est plus qu’un petit estuaire formé par la réunion de deux cours d’eau, le Chauvignac et le Gua, et dans lequel les bateaux peuvent venir accoster cinq petits appontemens en charpente, où ils débarquent du blé et du charbon et embarquent quelques produits locaux.

Meschers est en réalité le dernier port en Gironde sur la rive droite. Saint-Georges-de-Didonne et Royan sont tout à fait à l’embouchure du fleuve et peuvent être considérés comme des ports de mer.

Le port de Meschers n’est qu’un long chenal creusé dans le rocher et qui s’envaserait, s’il n’était entretenu par des chasses fréquentes au moyen d’un bassin de retenue. C’est surtout un port de pêche. Meschers est à la limite du fleuve et de la mer, et ses eaux sont toujours salées. Les marais qui l’entourent sont Exploités pour l’élevage des huîtres et la récolte du sel. Indépendamment de ce trafic local, Meschers exporte en Angleterre une assez grande quantité de bois de pins pour poteaux de mines. Le mouvement a cependant beaucoup baissé depuis le commencement du siècle, en raison peut-être de l’accroissement qu’a pris le port de Royan. Royan et Saint-Georges-de-Didonne commandent, sur la rive droite, l’entrée de la Gironde, et leur situation est réellement admirable. A proprement parler, Saint-Georges n’est pas un port, et il ne s’y est jamais fait de grandes opérations de commerce ; c’est une gracieuse anse de près de 4 kilomètres de développement et de 1 kilomètre à peine de profondeur, flanquée à ses deux extrémités par les deux promontoires symétriques et très bien dessinés de Suzac et de Vallière. Il s’est créé pour ainsi dire de lui-même, ou plutôt grâce à l’initiative des pilotes lamaneurs de la Gironde, qui avaient, il y a deux cents ans, le petit havre de Saint-Palais pour port d’attache ; ce dernier a été envahi par les sables et est devenu un pré-marais. Les pilotes se sont repliés