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REVUE DRAMATIQUE


ODEON : France… d’abord, drame en quatre actes, en vers, par M. le vicomte H. de Bornier. — COMEDIE-FRANÇAISE : La Conscience de l’enfant, pièce en quatre actes, par M. Gaston Dévore. — VAUDEVILLE : Le Faubourg, comédie en quatre actes, par M. Abel Hermant. — GYMNASE : Petit chagrin, comédie en trois actes, par MM. Maurice Vaucaire et Pierre Veber ; les Pieds nickelés, un acte, par M. Tristan Bernard.


Je sens le même feu, je sens la même audace
Qui fit plaindre le Cid, qui fit combattre Horace ;
Et je me trouve encor la main qui crayonna
L’âme du grand Pompée et l’esprit de Cinna.

Ces vers du poète déjà touché par l’âge, mais qui trouve toujours en lui mêmes sentimens, même enthousiasme, même vaillance, il n’est aucun des spectateurs de France… d’abord qui ne les eût l’autre soir présens à l’esprit, et à qui ils ne se soient comme imposés. L’auteur de ce drame est bien celui qui nous a donné jadis la Fille de Roland et si le souffle n’y a sans doute plus autant de puissance, si la faculté d’invention n’y dispose plus d’autant de ressources, l’œuvre nouvelle procède bien de la même veine que son aînée. Elle est de beaucoup la meilleure de toutes celles qu’a fait représenter M. de Bornier depuis l’époque de son grand succès. Jamais encore il n’avait retrouvé une aussi heureuse inspiration. C’est que jamais il ne s’était aussi complètement conformé à l’inspiration qui est la sienne. Écrivain de théâtre, M. de Bornier a le tour d’imagination épique. Or, l’épopée vit de l’expression de quelques sentimens très simples, très profonds, de ceux même qui jaillissent de l’âme d’une nation à l’heure où elle prend fortement conscience d’elle-même. Et M. de Bornier a beau continuer d’écrire dans les dernières années ou dans les derniers jours de notre siècle finissant, il reste un contemporain de la génération