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que la base de la dune presque circulaire qui entoure le village ait presque atteint les premières maisons, on peut espérer que tout danger est pour le moment conjuré.

Le résultat le plus curieux de cette marche progressive des dunes vers le continent a été la transformation des anciens golfes de la côte en petites mers fermées, et dont le niveau est quelque peu supérieur à celui de la grande mer dont ils faisaient autrefois partie. À l’exception du bassin d’Arcachon, le seul qui soit resté ouvert, c’est une succession continue d’étangs et de marais de dimensions très variables, communiquant en général entre eux, soit par des canaux naturels ou artificiels plus ou moins entretenus, soit par des infiltrations souterraines. L’eau de ces étangs, autrefois salée, est devenue d’abord saumâtre, puis tout à fait douce, et elle ne s’écoule plus aujourd’hui à l’Océan que par les « courans » et les « fuyans, » qui sont d’assez médiocres émissaires. Les principales de ces anciennes petites baies sont : au Nord du bassin d’Arcachon, les étangs d’Hourtin, de Carcan, de Lacanau ; au Sud, les étangs de Cazau et de Sanguinet, de Biscarosse et de Parentis, d’Oreillan, de Saint-Julien, de Soustons, et le marais desséché d’Ox. Tous les courans qui leur servent plus ou moins d’exutoire à la mer ont, comme les flèches de sable qui ont déterminé les premiers cordons littoraux, une tendance marquée à se déplacer du Nord au Sud. Leur lit est sinueux, tantôt torrentiel, tantôt presque à sec, le plus souvent vaseux et ensablé, toujours d’une très grande instabilité. Des observations très précises ont été faites à ce sujet ; elles sont malheureusement isolées et comprennent des périodes de temps très variables. On a pu cependant relever avec une exactitude parfaite que, dans neuf mois de l’année 1853, le courant de Mimizzan s’était déplacé de 312 mètres ; que, vers la même époque, les courans du Vieux-Boucau et de Contis ont été déviés l’un de 620 mètres, l’autre de 820. Des relevés comprenant une plus longue période, de 1839 à 1853, ont accusé un déplacement de 2 200 mètres pour le courant d’Huchet, qui écoule à travers les dunes les eaux du petit étang de Léon. C’est la même cause qui provoque l’allongement, intermittent, mais continu, du cap Ferret, qui masque l’entrée du bassin d’Arcachon. Toutes ces déviations ont lieu invariablement vers le Sud.

Des documens très précis permettent d’affirmer que l’étang de Cazau, le plus voisin du bassin d’Arcachon et dont les eaux traversent d’abord les étangs de Biscarosse et d’Aureilhan pour