Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/888

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
884
REVUE DES DEUX MONDES.

vant un magnifique alignement, légèrement concave, de 1 kilomètre, dominée au Nord par le phare du cap Saint-Martin, au Sud par l’élégante terrasse d’un casino très décoratif. De distance en distance sont échelonnées de somptueuses villas, l’ancienne résidence impériale, un établissement de bains de style mauresque, luxueusement aménagé, et d’agréables jardins. L’égalité et la douceur du climat et le voisinage des Pyrénées procurent à Biarritz une double clientèle d’étrangers très productifs. Station balnéaire pendant l’été, c’est pendant l’hiver un caravansérail cosmopolite particulièrement apprécié par les Espagnols, les Russes et les Anglais. Mais, comme port, Biarritz n’abritera probablement jamais que des bateaux de pêche et une gracieuse flottille de yachts de plaisance, et on a renoncé depuis longtemps à toute installation commerciale, à tout établissement sérieux.

V

À partir de la pointe Saint-Martin, la côte s’affaisse brusquement. Plus de rochers. De l’extrémité du promontoire qui forme le bastion avancé de la grande plage de Biarritz et mieux encore du haut de la terrasse du phare qui s’élève à près de 30 mètres au-dessus de la falaise, l’œil découvre au Nord, et jusqu’aux limites de l’horizon, une plage sablonneuse, rectiligne sur près de 250 kilomètres, d’une inflexible uniformité. C’est la côte des Landes. À 5 kilomètres à peine du phare, l’Adour, maintenu artificiellement entre deux rangées de quais et d’estacades, débouche en saillie dans le golfe, poussant au large sa barre de sables et de graviers. Le flot la recouvre périodiquement et permet aux navires d’un assez fort tonnage de remonter le fleuve sur 7 kilomètres, jusqu’au port de Bayonne, où l’Adour reçoit les eaux de la Nive, navigable comme lui pour les chalands sur une assez notable partie de son cours.

L’embouchure actuelle du fleuve est, sauf perturbations accidentelles qu’il est impossible de prévoir, définitivement fixée par les travaux modernes des ingénieurs et ne variera probablement plus beaucoup. Il n’en a pas été ainsi dans les temps anciens. Il serait peut-être difficile de retrouver l’emplacement exact de cette embouchure à l’époque romaine, mais il n’est pas douteux qu’elle ne fût déjà très fréquentée. Un fleuve de plus de 300 kilomètres de développement, toujours navigable dans la partie inférieure de