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bien que représentée sur un théâtre plus restreint et par des acteurs de moindre importance, fût l’exacte répétition de la première. Cette fois encore, les vicaires de l’évêque proscrit furent mis en prison, les séminaristes enrôlés dans la milice et tout le diocèse à l’abandon. Le même spectacle s’étant reproduit dans d’autres diocèses, le conflit devint général entre l’Eglise belge et la royauté. Au nombre des difficultés qui s’élevaient de lieu en lieu et d’heure en heure, les questions relatives à l’enseignement furent les plus fréquentes et celles qui aigrissaient le plus les esprits. C’est l’effet naturel du monopole de l’éducation. Parmi les prérogatives que l’Etat a le tort de s’arroger, la direction suprême et souveraine de l’enseignement public est celle qui l’expose à blesser, chez la partie la plus honnête de la population, les sentimens les plus délicats et les plus profonds. C’est un instrument à deux tranchans qui suscite contre un gouvernement plus d’hostilité qu’il ne lui donne de force pour en triompher. Pour le manier avec art en face d’un clergé offensé et méfiant, il eût fallu des prodiges de dextérité et de souplesse, qualités dont Guillaume ne s’était jamais piqué, et dont il cherchait moins que jamais à se faire honneur. Loin de là, il crut convenable de répondre à chaque résistance qu’il rencontrait par une suite de vexations destinées à serrer les freins et à appesantir le joug : dissolution de tous les établissemens où les lettres étaient encore enseignées librement ; défense d’aller faire des études d’humanités en dehors des Pays-Bas, sous peine de se voir interdit tout accès aux fonctions publiques, même ecclésiastiques ; expulsion des écoles chrétiennes qui avaient de nombreuses institutions dans les provinces wallonnes ; tout brevet retiré aux autres congrégations enseignantes et leur recrutement soumis au contrôle et à l’autorisation préalable de l’Etat ; enfin, distribution dans les écoles de livres d’étude d’une orthodoxie suspecte, et suppression des catéchismes approuvés par l’autorité ecclésiastique ; toutes ces mesures de tyrannie mesquines, renouvelées depuis lors dans divers pays et sous divers régimes, et qui, lorsque nous les voyons reparaître, n’ont pas même le mérite de la nouveauté d’invention, furent successivement mises en œuvre pour supprimer une résistance qu’on ne réussit pas à vaincre. Enfin, on crut avoir porté un coup décisif par l’établissement d’un grand collège devant servir de préparation à la profession sacerdotale. Tous les élèves destinés à l’état ecclésiastique durent venir là, étudier