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LE DERNIER BIENFAIT DE LA MONARCHIE
LA NEUTRALITÉ DE LA BELGIQUE

I
LE ROYAUME DES PAYS-BAS
LA RÉVOLUTION BELGE

La dernière fois que M. le Duc d’Aumale, à peine remis du mal dont le retour devait, peu de mois après, l’emporter, vint prendre part à une séance de l’Académie française, il nous fit une communication touchante, de nature à honorer la mémoire du roi son père. Il nous donna lecture d’une série de notes autographes du roi Louis-Philippe, récemment retrouvées dans ses papiers, destinées, quand les tribunaux avaient prononcé la peine capitale, à examiner s’il y avait lieu de laisser libre cours à la justice ou de faire usage du droit de grâce. Le dossier de chaque affaire était étudié avec un soin religieux ; les motifs divers des décisions opposées étaient mis en regard et en balance et aucun surtout n’était omis de ceux qui pouvaient faire incliner du côté de la clémence. Cette recherche, nous dit le prince, était faite le soir par le roi seul, à l’heure où il pouvait bannir toute autre préoccupation de son esprit, et prolongée souvent jusqu’à une heure très avancée de la nuit. Témoin de l’émotion que nous causait ce scrupule si rare d’une conscience royale, le prince se crut en droit de saisir cette occasion pour insister sur d’autres