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constitue la grande réserve de nos budgets. Si on évalue à 250 000 francs la valeur de chaque kilomètre et que l’on suppose que d’ici à l’expiration des concessions, la longueur des lignes appartenant aux compagnies et faisant retour à l’Etat, soit de 40 000 kilomètres, on trouve que le patrimoine de ce dernier s’accroîtra de ce chef de 10 milliards, soit un tiers environ de ce que serait alors la dette publique, si elle n’avait pas été augmentée dans l’intervalle et si tous les amortissemens aujourd’hui prévus avaient été effectués. On voit que, si belle que soit cette réserve, elle serait loin de suffire au remboursement de notre dette, comme certains optimistes se plaisent à le répéter. Les dividendes distribués par les compagnies à leurs actionnaires pour l’année 1898 forment un total d’environ 150 millions de francs ; les charges du capital emprunté oscillent autour d’un demi-milliard. Si on pouvait compter que l’ensemble de ces produits nets des chemins de fer figurera au budget à partir de l’expiration des concessions, ce serait une rentrée annuelle d’environ 650 millions. Nos charges, si elles étaient alors ce qu’elles sont aujourd’hui, seraient allégées d’un sixième.


IV

Il ne suffit pas, pour nous rendre compte de la gestion de nos finances, de considérer les états de prévision que nous venons de parcourir. Il est nécessaire de savoir comment les choses se passent dans la réalité, c’est-à-dire d’examiner si, au cours de l’exercice, il n’a pas été dépensé plus que les crédits votés et si les recettes ont été conformes aux prévisions. D’une façon générale, nos Chambres, déjà amenées à voter le budget de prévision d’une façon hâtive, semblent se désintéresser de cette partie non moins capitale de leur tâche qui consiste à examiner la façon dont les budgets votés ont été exécutés. Dans d’autres pays, en Italie par exemple, le Parlement semble mieux comprendre son rôle à cet égard. Dès le mois de novembre, qui suit la clôture de l’année financière (qui va du 1er juillet au 30 juin), le ministre du Trésor remet aux députés et sénateurs le compte rendu de ce qui, au cours de l’exercice qui vient de se terminer, a été dépensé et encaissé. La Cour des comptes, vers la même époque, a déjà vérifié le compte rendu et publié son rapport. Dans toute administration rigoureuse, le chiffre des dépenses ne doit pas s’écarter