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faisaient scandale dans toutes les cours, lorsque, à l’avènement du prince, répondant à des propositions qu’il lui avait envoyées, en montant sur le trône, à l’effet d’obtenir qu’elle renonçât à son titre et à ses privilèges de reine, elle se rappela au souvenir des Anglais par une lettre à la Chambre des communes, annonçant son retour. Elle y déclarait qu’elle venait revendiquer ses droits et se laver des calomnies dont elle était l’objet.

Le roi George IV, pendant sa longue régence, n’avait su conquérir l’amour ni l’estime de ses futurs sujets. Ils le méprisaient roi comme ils l’avaient méprisé régent. Ce sentiment se dévoila par l’accueil encourageant que firent les Communes à la lettre de la reine. Cet accueil pouvait-il ne pas être favorable, alors que les débordemens de George IV n’étaient pas moindres que ceux qu’il reprochait à sa femme et qu’en attendant d’avoir brisé les chaînes qui l’attachaient à celle-ci pour contracter une nouvelle union avec miss Seymour, il vivait publiquement avec une des plus grandes dames de sa cour, la marquise de Conningham, sans préjudice d’autres aventures galantes dont on se racontait les détails ? Il fut donc impuissant à empêcher le retour de la reine.

Il voulut du moins en tirer parti. Sur ses instances, le ministère consentit à présenter à la Chambre des lords un bill prononçant le divorce des époux pour cause d’adultère de la femme. Elle y répondit en constituant des avocats et en affirmant sa volonté de se présenter en personne devant ses juges. Elle arriva peu après, en effet, sous la protection de Mathieu Wood,