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Dans le même ordre d’idées, la comparaison par provinces des inscriptions hypothécaires pourrait servir à une constatation analogue, puisqu’il y a toujours un rapport entre la somme prêtée et la valeur du gage ; elle établirait que la Basse-Autriche, à cet égard, vient, avec Vienne, au premier rang, et, sans Vienne, au cinquième, mais que la Galicie et la Bukowine occupent les deux derniers et, que, sauf la Carniole et le Küstenland, qui s’intercalent avant Salzbourg, toutes les provinces du nord et de l’ouest, toutes les parties allemandes de l’Autriche, se suivent et se tiennent : Basse-Autriche, Bohême, Silésie, Moravie, Haute-Autriche, Styrie, Tyrol et Vorarlberg, Carinthie et Salzbourg.

De même encore pour « le mobilier vif » de la terre, pour les diverses races d’animaux : excepté pour les chevaux et les mulets, plus nombreux dans l’est et le nord-est, en Bukowine et en Galicie, pour tout le reste, l’avantage demeure aux pays occidentaux, notamment pour la race bovine, qui donne le classement suivant : Bohême, Haute-Autriche, Styrie, Moravie et Silésie, Galicie et Bukowine, Basse-Autriche, Carinthie et Carniole, Tyrol et Vorarlberg, Küstenland.

Et de même, enfin, pour l’épargne. La terre, le bétail, c’est le bien au soleil, la richesse vivante ; mais la richesse en réserve, « l’argent mis de côté », est signe d’aisance, signe aussi d’énergie morale, et peut à tout instant redevenir créateur de richesse. Or, aucune province, si ce n’est le Küstenland, — à en juger par les dépôts des caisses d’épargne postales, — n’économise plus que la Basse-Autriche, le Tyrol et le Vorarlberg, Salzbourg ; aucune, si ce n’est la Dalmatie, plus que la Silésie, la Haute-Autriche, la Moravie, la Bohême, la Carinthie ou la Styrie.

Mais ces populations du nord et de l’ouest, qui sont assurément les plus aisées, sont en même temps les plus instruites : il y a quelques années, tandis que, dans la Galicie, on rencontrait 68 personnes sur 100 qui ne savaient ni lire ni écrire, 79 sur 100 en Bukowine et 82 sur 100 en Dalmatie, au contraire, on tombait, par une échelle rapide, à 6 pour 100 dans la Basse et dans la Haute-Autriche, à 5 pour 100 en Bohême, à 3 pour 100 dans le Tyrol et le Vorarlberg.

Ainsi, ce serait la part, presque de toutes les façons la meilleure, de l’Autriche qui serait dévolue à la « grande Allemagne, » dans le futur démembrement, de par le principe des nationalités, si, même sans pousser l’appétit jusqu’à vouloir dévorer par