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bien des cas qu’une duperie ; car si quelque enfant de dissidens en fait usage, il est mis à l’index et exclu des avantages, des fêtes que les administrateurs ou bienfaiteurs de l’école libre assurent aux enfans de famille bien pensante. Ces réclamations des libéraux et des non-conformistes ont été portées récemment à la Chambre des communes (7 mars 1899). M. Lloyd-George, député de Carnarvon (pays de Galles), y a présenté la motion suivante : « Que le système de l’enseignement primaire en Angleterre et au pays de Galles provoque chez un grand nombre de sujets de Sa Majesté de sérieuses plaintes et réclame l’attention immédiate du Parlement. » Après avoir signalé l’hostilité des deux groupes d’écoles comme un obstacle à la bonne instruction des enfans, il s’est plaint que des subventions votées dans l’intérêt de toutes les classes et de tous les cultes fussent employées à promulguer les doctrines d’une seule confession, dogmes choquans pour de nombreux contribuables. « Il y a, s’est-il écrié, 14 000 écoles[1] où les doctrines d’une secte sont enseignées aux dépens de tous et 8 000 paroisses où il n’y a qu’une école, gouvernée par le ministre de l’Eglise établie. Dans ces écoles, les enfans de dissidens n’ont aucune chance, même s’ils ont du mérite, d’être admis comme élèves-maîtres. »

Sir H. Fowler, député de Wolverhampton, a confirmé cette assertion en annonçant, d’après les résultats d’une enquête faite par la Conférence Wesleyenne, que sur 946 petites villes et villages, il y en a 858 où l’on exige, comme condition pour admettre un élève-maître, le certificat de première communion de l’Eglise anglicane ou d’assiduité aux services de cette Église, et 88 seulement où on les dispense d’un acte de conformité.

Sir John Gorst, le chef du Département de l’Instruction publique, essaya en vain d’affaiblir l’argument en citant l’exemple de l’évêque de Saint-Asaph, recommandant à son clergé de donner des chances égales aux non-conformistes et aux anglicans, pour les emplois d’élèves-maîtres. En vain insista-t-il sur la parfaite indifférence des paysans pour l’instruction religieuse de leurs enfans. « Il n’est pas rare, dit-il, d’en voir qui vont le matin à l’Eglise anglicane et l’après-midi à la chapelle baptiste ou méthodiste pratiquer, » ce que l’évêque de Londres, M. Blomfield, appelait « filouter le diable. » En vain déclara-t-il que le seul remède

  1. Les chiffres donnés par le Rapport de 1897-98 sont 15 882 pour les écoles confessionnelles et 7 198 pour celles de bureau scolaire.