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entre eux les dix districts scolaires entre lesquels sont divisés l’Angleterre et le pays de Galles. Ils ont sous leurs ordres quatre-vingt-dix inspecteurs. Il y a, en outre, un inspecteur particulier pour la musique, et deux inspectrices, l’une pour contrôler les travaux à l’aiguille, l’autre pour surveiller l’apprentissage de la cuisine et du blanchissage.

On a modifié, depuis l’année 1898, la méthode d’inspection des écoles primaires. Tandis que, sous le régime du Code révisé (payment by results), l’examen se faisait à un jour fixé à l’avance par l’inspecteur et en sa présence, actuellement les inspecteurs doivent faire leur visite sans être annoncés. Ils apprécient l’école non pas comme une fabrique de petits phénomènes, mais comme un organisme vivant, et c’est après un entretien approfondi avec le directeur et, si possible, avec les administrateurs, qu’ils donnent leur note. Ce système, plus juste, a été depuis longtemps appliqué avec succès en France, et nous ne pouvons que féliciter nos voisins de l’avoir adopté.

Voyons maintenant le rôle de l’Etat. S’il offre une grande latitude aux managers des écoles libres pour le choix des maîtres et s’il leur laisse liberté entière pour le programme de l’instruction religieuse, il exerce pourtant un contrôle sur les écoles primaires, et ce contrôle est d’autant plus efficace, qu’il a pour sanction l’octroi, la diminution ou la suppression de la subvention annuelle. Quelles sont donc les conditions sine quà non imposées à toutes les écoles pour obtenir les grants ? D’abord, il faut que les plans de l’école libre soient approuvés par les architectes du gouvernement et, s’ils recommandent certaines améliorations, il faut les exécuter coûte que coûte. En second lieu, aucun instituteur et aucune institutrice ne peut exercer, sans l’approbation du département d’Instruction publique, et le personnel enseignant doit se conformer aux règlemens édictés par le Comité scolaire du Conseil privé. C’est ce dernier qui fixe la durée de l’ouverture des écoles et l’époque des vacances. Le programme des leçons doit être approuvé par les inspecteurs généraux de la Reine. Enfin, c’est à des censeurs (auditors) désignés par la loi ou par le bureau du gouvernement local qu’il appartient de vérifier les comptes des écoles libres. Tels sont les liens qui rattachent ces écoles, si indépendantes d’ailleurs, au pouvoir central et qui tendent à établir une certaine harmonie dans leur variété infinie.

En somme, l’école anglaise se ressent de ses origines