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fois l’ordre des démarches, vous serez vraisemblablement en liberté vers trois ou quatre heures aujourd’hui. » Mais, le soir du 11, Courcelles écrit au prisonnier : « J’ai été porté sur les ailes de la fortune jusqu’au septième ciel, c’est-à-dire que je suis parvenu jusqu’au Comité de sûreté générale, muni de toutes les pièces pour obtenir votre liberté. L’affaire a été entamée : mais le rapporteur, appelé pour se rendre sur-le-champ au Plessis, a donné les pièces à son secrétaire pour lui en faire le rapport demain matin. J’y serai avec de nouvelles pièces que ma sœur est allée chercher au Comité de salut public. » Le lendemain, c’est Julie Raby qui écrit : « Ma sœur est au Comité de salut public en ce moment : elle éprouve un peu de difficulté pour avoir vos motifs d’arrestation, mais nous espérons les avoir. Ainsi, à midi, nous serons au Comité de sûreté générale, et de là nous irons… où ? Je voudrais bien que ce fût à la Maison Egalité ! » Mais voici que Clémentine, rentrant chez elle, ajoute en post-scriptum : « C’est bien l’enfer d’avoir vos motifs d’arrestation ! Au Comité de salut public, on les a cherchés en ma présence, avec une patience incroyable, sans les trouver. On les suppose à la section de la guerre. Je m’y suis rendue. S’ils y sont, il faut une autorisation de Carnot pour les avoir. J’ai donc écrit à Carnot, et un huissier, fort honnête, se charge de lui donner ma lettre et de ne le point quitter qu’il n’en ait réponse. »

Les papiers en question sont décidément introuvables. Mais enfin on s’en passera ; et, le 14 fructidor, Clémentine écrit à Castellane que son rapporteur est nommé. C’est André Dumont, l’ennemi de Robespierre : et nous n’avons pas besoin de dire que, depuis ce jour, l’appartement de Dumont, rue de l’Echelle, reçoit souvent la visite des Courcelles et de leurs amis. A neuf heures du matin, parfois, Clémentine attend déjà dans son antichambre. Elle y envoie Champeaux, David, Bourdon de l’Oise : elle y envoie Chauveau-Lagarde, qui parait avoir été l’avocat de Castellane. Mais André Dumont ne se hâte pas de rédiger son rapport. Et, tous les jours, les Courcelles l’attendent au Comité de sûreté générale. Pas de séance le 13 fructidor : le Comité n’était pas en nombre. « Tous ces jours-ci, il n’y a pas eu plus de trois membres présens. » Le lendemain, Clémentine écrit : « J’arrive et du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale. Le premier est inabordable : on ne peut pas seulement parler au plus petit commis. Au second, on a déjà dit qu’il n’y aurait pas de séance ; mais l’espoir