Tel le temps passe, et l’heure après l’heure s’écoule,
Et les simples pasteurs, et les calmes troupeaux
Goûtent partout la saine ivresse du repos,
Et la vie est pour eux comme une mer sans houle.
Ignorant nos labeurs, nos fièvres, nos départs.
Peut-être ayant senti ce que résume en elle
D’ample sérénité la nature éternelle,
Ils rêvent, sur la glèbe éblouissante épars.
O cœurs, où tant d’amour incompris se devine.
Altérés de silence et désireux d’oubli.
Pauvres cœurs où l’espoir même semble aboli,
Trouverez-vous l’enclos où croît l’herbe divine ?
De soyeux étendards flottent par les nuées,
Secouant de la pourpre et de l’or en leurs plis.
Le soleil agonise au bord des cieux pâlis,
Encore éblouissant d’ardeurs exténuées.
Le calme et la langueur des divins soirs d’été
Planent sur l’abreuvoir en nappe lumineuse ;
Un chant aérien de pâtre ou de glaneuse
Se traîne, dans la brise odorante apporté.
Tout se fond en extase et se résout en joie.
Quelqu’un laisse en secret, de l’azur plus clément,
Descendre une pitié faite d’apaisement,
Et rayonner l’amour dans l’orbe qui rougeoie.
C’est l’heure solennelle où les bœufs blancs et roux,
Nimbés par le couchant d’un vestige de gloire,