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J’avais retrouvé la France ! Ils étaient aussi contens que moi ! Il y avait 45 jours que j’avais quitté Mandalay.


Avant de dire un adieu définitif à la Birmanie, jetons un coup d’œil rapide sur ce que les Anglais ont fait pour l’organiser et pour mettre en valeur ce beau pays. Ils ont eu, depuis quatorze ans qu’ils ont annexé la Haute Birmanie, à lutter contre des difficultés nombreuses. Le dacoïtisme leur a causé au moins autant d’embarras que la piraterie en a causé au Tonkin. Malgré tout, cependant, la Birmanie a pris, sous leur impulsion, une extension, un développement extraordinaires.

Comme administration, organisation, initiative dans les plus hardies entreprises, suite dans les idées surtout, nous aurions peut-être beaucoup à apprendre de nos rivaux. Je n’oserais en remontrer à personne, mais il m’est impossible de ne pas ressentir une grande admiration pour leurs méthodes.

Au point de vue administratif, nos voisins de Birmanie ont obtenu le maximum d’effet utile, avec le minimum de personnel. C’est ainsi que cette immense colonie, dont la superficie est peut-être plus considérable que celle de toute l’Indo-Chine française réunie, n’a d’autres fonctionnaires que les suivans : un chief commissioner, appelé, depuis le mois de janvier dernier, lieutenant gouverneur, titre correspondant presque à celui de notre gouverneur général de l’Indo-Chine. Un secrétaire général, un chef des finances et un chef de la justice avec plusieurs secrétaires forment le gouvernement général.

Huit commissioners sont, en quelque sorte, les gouverneurs de province. Trente-quatre deputy commissioners équivalent à nos résidens et commandent les districts. Ajoutez à ce contingent soixante-douze assistant commissioners, analogues à nos vice-résidens ; et vous aurez un total de 133 fonctionnaires, qui sont, à la fois, préfets, percepteurs des finances, magistrats et maires dans les villes[1], qui ont sur l’indigène un prestige considérable, et sont obéis au doigt et à l’œil. Les services spéciaux : douane, poste et télégraphe, prisons, police, travaux publics, instruction publique et clergé forment avec l’administration un effectif total de 6S0 fonctionnaires pour 11 millions d’indigènes. Comparez maintenant avec l’annuaire du personnel colonial administratif

  1. C’est ce qui existe au Tonkin, mais seulement dans nos territoires militaires.