Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répond-on, les Anglais sont justes ; mais ils déplaisent aux natt ! » Les Birmans disent encore que si le soleil et la lune s’étaient bien conduits, ils n’auraient pas été battus par les Anglais.

La Birmanie possède trois évêchés catholiques. Deux appartiennent à la Société des Missions étrangères : la Birmanie méridionale, siège : Rangoon ; et la Birmanie septentrionale, siège : Mandalay. La Birmanie orientale est confiée à une mission italienne.

La grande figure de Mgr Bigandet a illustré le siège de Rangoon, et nos compatriotes missionnaires et leurs œuvres sont très appréciés du gouvernement anglais. Leurs écoles reçoivent les mêmes faveurs que celles des confessions protestantes, et leurs élèves indigènes sont plus recherchés et inspirent plus de confiance. Le gouvernement, en outre du terrain qu’il donne, paie la moitié de la dépense des constructions, et les écoles de nos missionnaires et religieuses ont toute la clientèle européenne, de préférence aux écoles protestantes. Le lieutenant gouverneur de Birmanie, protestant convaincu, me disait, en parlant du zèle et du dévouement de nos missionnaires : « Quelle force et quel moyen, que de tels hommes ! Quoiqu’ils ne professent pas notre religion, nous avons tous, pour eux, la plus grande admiration et le plus profond respect. Si l’Angleterre possédait de tels apôtres, le monde lui appartiendrait ! Nos missionnaires ne savent pas se dévouer ; ils ne se donnent pas ; ils n’oublient pas leurs intérêts temporels ; mais, en revanche, ils nous frayent la route au même titre que nos commerçans. »

Un nouvel hôpital de lépreux, intéressante fondation de la Mission catholique, attire les malades et les secours, en dépit d’un asile semblable fondé par les Wesleyens. La lèpre de Birmanie revêt les formes les plus cruelles et les plus répugnantes. Cent six hommes et cinquante-quatre femmes sont secourus et encouragés par les Pères Wehinger et Martin. Il y a peu de catholiques parmi eux ; mais tous sont touchés de ces soins et de ce dévouement de toutes les heures, de cette bonté de cœur qui vient d’en haut. Ils comprennent qu’il y a un Dieu, plus grand que celui qu’ils connaissent, et qui seul peut inspirer de telles abnégations. Le calme, la douceur et la quiétude des premiers arrivés frappent les derniers venus, et, sans qu’on ait à leur rien dire, ils demandent à connaître cette religion qui rend si bon.