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bien surpris, s’il était revenu au monde vers 1866, d’être l’oncle des deux abbés Loyson. Le poète qui devait appeler M. de Frayssinous à son lit de mort et qui connaissait les sentimens chrétiens de son frère, aurait trouvé tout naturel, au contraire, que l’arbre Loyson-Burnier-Fontanel eût poussé des racines dans le sanctuaire de l’Eglise. Sa sainte mère et l’abbé Blouin[1] n’avaient-ils pas l’arrière-pensée de faire de lui un prêtre quand ils l’envoyèrent au collège de Beaupréau ? Et lui-même n’avait-il pas gardé une pieuse reconnaissance au vieux chapelain de Saint-Joseph de Château-Gontier qui lui avait fait faire sa première communion ? Nous venons de voir en quels termes il le recommandait, peu de temps avant de mourir, au ministre des Cultes ; qu’on lise à présent ces vers que j’extrais de ses Souvenirs de l’enfance'' :


L’âge enfin nous mûrit et nous rendit plus sages.
Nous étions, à douze ans, de graves personnages,
Vois-tu ce lieu sacré ? c’est là qu’un cierge en main,
Signe mystérieux d’amour et d’innocence,

  1. Blouin (Joseph), né le 6 janvier 1748 à la Jumellière (Maine-et-Loire), étudia au collège de Château-Gontier dont le principal était son grand-oncle ; il y professa pendant quelque temps, puis vint enseigner la rhétorique au collège de Beaupréau en 1784. Il mourut le 10 août 1824.
    Voici en quels termes Charles Loyson recommandait, au mois de novembre 1819, ce vénérable ecclésiastique au ministre des Cultes, qui lui accordait un secours de 300 francs.
    « Son Excellence a bien voulu promettre d’accorder quelques secours à M. Blouin, prêtre résidant à Saint-Laurent-sur Sèvre, dans la Vendée.
    « M. Blouin a professé la rhétorique pendant près de vingt ans dans les deux collèges les plus renommés de l’Anjou avant la Révolution, Château-Gontier et Beaupréau ; il est l’auteur de quelques ouvrages sur la religion et l’éducation, qui ont été utiles.
    « Il n’a point émigré à l’époque des proscriptions.
    « Il est resté caché dans sa province, portant au péril de sa vie les secours de son ministère à ceux qui les réclamaient.
    « Il est le premier qui ait rouvert les temples en Anjou. Il s’est occupé depuis ce temps de catéchiser les enfans, sorte de ministère pour lequel il a un goût et un talent particuliers. En un mot, il est un des prêtres qui ont rendu le plus de services à la religion dans le pays. Il est d’ailleurs excellent citoyen. Aujourd’hui âgé de soixante-douze ans, il se trouve sans aucune ressource. Il n’a point de pension comme prêtre, n’ayant exercé aucune fonction dans le ministère avant la Révolution. Il n’a point de pension comme membre du Corps enseignant, parce que les collèges où il a été professeur n’étaient point considérés comme collèges de plein exercice. Il n’a de son côté aucune fortune.
    « Il me serait bien agréable de pouvoir annoncer moi-même à ce bon vieillard, à qui je dois ma première éducation, la décision que Son Excellence daignera prendre en sa faveur. »
    (Note remise à Son Excellence, par M. Loyson. — Ms. de la Bibl. de Château-Gontier).