Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aujourd’hui et que je tiens du petit-neveu de Papin, M. Paul Pionis, secrétaire général de l’Association Bretonne-Angevine.

Tel fut ce Louis-Guillaume Papin en qui Charles Loyson avait mis toute sa confiance. Le hasard ou la Providence, en sauvant des flammes une partie de la correspondance du poète, a grandement servi sa mémoire et celle de Papin, car sans les lettres de Charles Loyson, certains faits intéressant l’histoire politique et littéraire de la France n’auraient jamais été connus, et le livre de sa vie contiendrait encore un plus grand nombre de pages blanches.


III

Ainsi, pour commencer, voici une lettre qui traite exclusivement des ennuis que Charles Loyson éprouva comme répétiteur à l’École normale, lorsqu’en 1812, il y rentra après les vacances. La lettre est amusante et écrite avec une bonne humeur qui ne laisse pas de cacher un certain dépit : les poètes sont si facilement irritables ; et les débuts dans une carrière aussi pénible que celle de l’enseignement sont d’une telle importance !


« Monsieur et très bon ami,

« Commencez-vous à vous étonner de ne point recevoir de mes lettres ? J’avoue que je parais dans mon tort. Il y a plus d’un mois que je vous ai quitté. C’est vous écrire bien tard, et cependant c’est encore trop tôt, puisque je n’ai rien à vous dire de certain sur mon sort. Que diriez-vous si dans un mois, dans quinze jours, j’allais vous envoyer une lettre datée de Reims et signée : Loyson, maître élémentaire, remplaçant provisoirement le professeur de rhétorique ? Mais que diriez-vous si j’ajoutais à ces titres : ex-répétiteur de l’Ecole normale, ex-suppléant de troisième au lycée Charlemagne, ex-suppléant de troisième, seconde et rhétorique au lycée Bonaparte ? Vous me plaindriez sans doute et vous me demanderiez par quelle faute j’ai mérité une telle disgrâce. Je n’ai point fait de faute, je n’ai point déplu, du moins aux influens, et ce ne serait point une disgrâce. Vous commencez à vous y perdre, vous n’y comprenez rien, et moi pas grand’chose. L’Université est une divinité dont il ne faut pas sonder les conseils ; or, écoutez mon histoire, et vous verrez s’il n’y a point là-dessous le doigt de quelque malin démon. Pour moi je trouve à