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renouvelèrent leurs instances, et la Suisse fit entendre le plus noble langage : « Il s’est éveillé dans le monde, dit M. Odier, plus qu’une espérance, une attente ; et l’opinion populaire a la conviction, surtout en matière d’arbitrage, que des résultats importans sortiront des délibérations de la Conférence. Nul ne peut nier, en effet, que nous soyons maîtres de faire en ce moment un pas nouveau et décisif dans la voie du progrès. Allons-nous reculer ? ou réduire à des propositions insignifiantes la portée de l’innovation qu’on attend de nous ? Nous soulèverions un désappointement universel dont la responsabilité pèserait sur nous et sur nos gouvernemens. »

La discussion générale avait offert un grand intérêt ; la discussion des articles fut insignifiante. Au fond, une seule question préoccupait le comité : fléchirait-on le gouvernement de l’empire allemand ? On saurait probablement à quoi s’en tenir au moment de la seconde lecture. Celle-ci commença le 1er juillet.

Le docteur Zorn informa ses collègues que l’Allemagne acceptait le principe de la nouvelle institution.

Un seul amendement de quelque importance fut présenté dans la discussion des articles, par le baron d’Estournelles : le bureau central international recevait des puissances signataires, dans le cas où un conflit aigu menacerait d’éclater entre deux ou plusieurs d’entre elles, le mandat de leur rappeler que la cour permanente leur était ouverte ; cet avertissement les mettrait en demeure de décliner formellement ou d’accepter devant l’opinion la suprême ressource d’une solution pacifique. M. Zorn combattit cette motion et fut appuyé par le chevalier Descamps, rapporteur. Celui-ci fit observer que le mécanisme suggéré par le représentant de la république française avait été mis à l’essai sans résultat : le secrétaire de la Conférence « interparlementaire, » qui représente quatorze parlemens, est chargé d’adresser un avis semblable, à chaque menace de conflit aigu, et cet appel, en général, n’est pas entendu. L’amendement, mis aux voix, fut repoussé par le comité d’examen. Mais le débat recommença, le 20 juillet, dans la septième séance plénière de la troisième commission. M. Bourgeois montra la portée pratique et la portée morale de l’innovation, dans un discours habile, ému, qui provoqua de longs applaudissemens et finit par entraîner le vote de cette disposition additionnelle[1].

  1. C’est l’article 27 de la Convention.