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LA CRISE DU SOCIALISME
LA FIN D’UNE DOCTRINE

L’entrée de M. Millerand, socialiste collectiviste, dans le ministère de M. Waldeck-Rousseau, à côté de M. le général de Galliffet, qui combattit énergiquement les insurgés de la Commune, a été considérée par les socialistes, tant en France qu’à l’étranger, comme un événement considérable, — et passionnément discutée. Il en est résulté une scission dans le groupe de l’Union socialiste à la Chambre ; et un prochain congrès doit réunir pour la première fois toutes les sectes rivales du socialisme français, afin de décider entre la politique opportuniste de M. Millerand et de M. Jaurès, traitée de duperie par leurs adversaires et la politique plus intransigeante, plus fidèle à la tradition révolutionnaire, de M. Guesde et de M, Vaillant, sans que l’un ni l’autre parti nous semblent d’ailleurs susceptibles de se soumettre aux décisions de la majorité.

En acceptant un portefeuille des mains de M. Waldeck-Rousseau, M. Millerand a tranché de sa propre autorité une question de haute importance : quelle doit être l’attitude du parti socialiste vis-à-vis des autres partis ; dans quelles circonstances peut-il s’allier avec eux ; et, plus que l’alliance, la collaboration est-elle permise ? Cette question de tactique est l’objet de discussions interminables parmi les socialistes allemands, soucieux de mettre