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sement, quand on a vu à quel excès elle se portait ; la campagne entamée contre la liberté de l’enseignement ; enfin la campagne en pleine activité en vue de perpétuer l’affaire Dreyfus dans d’autres affaires qu’on s’applique à en faire sortir. De ces quatre manifestations les deux premières sont le fait du gouvernement ; il en a la responsabilité. Nous n’en dirons pas autant des deux dernières. On ignore quelle attitude il prendra dans la question de la liberté de l’enseignement. On ne sait pas davantage dans quelle mesure il s’inspirera de la véritable équité, et aussi des conditions indispensables au rétablissement de la paix dans les esprits, en présence de l’agitation qu’on fomente autour de l’affaire Dreyfus. Sur les intentions du gouvernement régnent encore des obscurités : mais il n’y en a pas sur celles de quelques-uns de ses membres. Ils travaillent ouvertement à l’entraîner tout entier dans une campagne qui, sous couleur de protéger la République, a pour but réel de la mettre définitivement et exclusivement à leur discrétion. Le militarisme et le cléricalisme à combattre, la liberté de l’enseignement à refouler, la justice elle-même à administrer, ce ne sont là que des prétextes, le but est de se rendre maîtres du pouvoir et de l’accaparer. Le ministère n’a rien fait jusqu’ici pour combattre ces manœuvres, bien au contraire ! Et c’est pourquoi nous sommes inquiets et impatiens de savoir ce qu’il fera demain.

Francis Charmes.

Le Directeur-Gérant,

F. Brunetière.