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d’acide carbonique moindre que dans la plaine. Les expériences de Truchot avaient montré que l’air de la plaine, qui contient 4 dix-millièmes d’acide carbonique, à l’altitude de 396 mètres (Clermont-Ferrand), n’en avait plus que 3,15 dix-millièmes ; au sommet du Puy-de-Dôme (1 446 mètres), il en avait seulement 2,03 ; au sommet du pic de Sancy (1 884 mètres), seulement 1,72. Sans parler de l’opinion de Mosso, qui veut que l’acide carbonique, au lieu d’être une impureté de l’air, en soit un élément utile, on peut dire avec Regnard que des différences de ce genre ne pourraient avoir aucune conséquence : ce sont de pures vétilles. Mais d’ailleurs elles n’ont même pas d’existence réelle. Des analyses plus précises faites par MM. Müntz et Aubin de l’air puisé au pic du Midi, et d’autres faites sur l’air rapporté d’une altitude de 15 kilomètres par le ballon-sonde l’Aérophile, ont montré que l’acide carbonique était également réparti dans l’atmosphère qui nous entoure. Il n’y a aucune différence appréciable dans la composition chimique de l’air, pas plus en ce qui concerne l’acide carbonique qu’en ce qui concerne l’oxygène ou l’azote. La fixité de la constitution de l’atmosphère en tous lieux est la vérité qu’enseignent les plus récentes analyses.

L’air des hauteurs est pur pour une autre raison. Il est pur et transparent parce qu’il ne contient pas de poussières, pas de germes. Dans les plaines basses, dans nos villes, nous vivons au milieu d’un nuage de poussière, composé de débris de toute nature et de toute origine, ainsi que de micro-organismes. Ce nuage est bas : il ne monte pas beaucoup au delà de 1 000 mètres, au-dessus des agglomérations les plus souillées ; l’air, de moins en moins dense, devient impropre à soutenir en suspension ses particules flottantes.

C’est Pasteur qui, en 1862, a établi cette vérité fondamentale. Les bouillons de culture qu’il ensemençait avec l’air puisé à 2 000 mètres sur la mer de glace au Montanvert, restaient à peu près tous stériles ; l’air des sommets du Jura à 850 mètres en laissait les trois quarts indemnes ; la proportion des ballons fertiles augmentait à mesure qu’on descendait vers la plaine et dans les villes. La stérilité de la haute atmosphère, confirmée par Tyndall, fut, comme on se le rappelle, contestée par Pouchet, Joly et Musset pour l’air de la Rencluse (2 083 mètres), par E. Yung sur les Alpes, par Giacoza sur le Marzo (2 753 mètres). La contradiction des résultats tenait à des erreurs qui furent aperçues et relevées.

Les méthodes d’examen ont été perfectionnées depuis lors. M. Miquel, de l’observatoire de Montsouris, les a portées à un haut