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limètres et l’animal est amené à l’altitude de la plus haute cime du globe, sur le mont Everest, à 8 840 mètres.

Cette façon d’escalader des montagnes et de faire des ascensions sans sortir de la chambre barométrique n’est sans doute pas l’équivalent absolu de l’ascension véritable : elle en est seulement une représentation très approchée. C’est dire que l’un des caractères principaux ou même le caractère principal de la situation en montagne, c’est l’altitude, traduite elle-même par le degré de l’abaissement barométrique. La pression décroît quand on s’élève ; cette pression, qui est de 76 centimètres de mercure au niveau de la mer, baisse d’abord de 1 centimètre à mesure que l’on monte verticalement de 100 mètres ; elle est de 75 centimètres à l’altitude de 100 mètres, de 74 centimètres à l’altitude de 200 mètres. Au delà, elle continue de diminuer suivant une formule plus compliquée due à Laplace. À Chamonix, qui est à 1 050 mètres au-dessus du niveau de la mer, la pression barométrique est de 67 centimètres ; elle est de 56 centimètres au col du Saint-Bernard (2 432 mètres) ; de 46 centimètres au mont Pelvoux (3 998 mètres). Au Mont-Blanc (4 810 mètres), la pression normale est de 38 centimètres, c’est-à-dire moitié de ce qu’elle est au niveau de la mer. Elle est de 32 centimètres de mercure à l’un des points de l’Himalaya où ont pu atteindre les frères Schlaginweit (6 800 mètres). Aucun explorateur ne paraît s’être élevé plus haut en pays de montagne. Le mont Everest, inaccessible, a 8 840 mètres de hauteur ; la pression barométrique y est de 24 centimètres.

À mesure que la pression diminue, la densité de l’air s’abaisse à proportion, d’après la loi de Mariotte. Le litre d’air qui, au niveau de la mer, pèse 1gr,293, ne pèse plus que la moitié de cette valeur, c’est-à-dire 0gr,646 au sommet du Mont-Blanc, où la pression est d’une demi-atmosphère. L’air est plus léger sur les hauteurs. Le premier caractère de l’atmosphère offerte par la montagne aux hommes et aux animaux, c’est la raréfaction, la légèreté de l’air. C’est de là que la vie en montagne tire ses particularités et surtout ses inconvéniens, comme on le verra tout à l’heure.


II

Le plus grand avantage de l’air des montagnes, ce n’est point sa légèreté, c’est sa pureté. On respire sur les hauteurs un air léger et pur. En quoi consiste cette pureté, à quoi est-elle due ? Il y a quelque trente ans, on enseignait en médecine qu’elle tenait à une quantité