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REVUE SCIENTIFIQUE

LE MAL DES MONTAGNES. — LA CURE D’ALTITUDE


P. Regnard. La Cure d’altitude, Paris, Masson, 1897. — A. Mosso. L’Acapnie (Congrès de Physiologie. Berne, 1895). — Acclimatement à l’altitude (Travaux de MM. Viault, Müntz, Egger, Mercier, Miescher, Sellier, etc.), passim.


I

La montagne est, pour l’être vivant, un milieu différent de la plaine, à la fois au point de vue du sol qui le porte et de l’atmosphère qui l’enveloppe. Aux grandes altitudes, la végétation qui d’abord s’était appauvrie fait totalement défaut : le sol est formé par le roc ou la neige. Mais les changemens les plus caractéristiques portent sur l’atmosphère. Et cela est si vrai que les expérimentateurs considèrent comme une opération équivalente de faire une ascension réelle en montagne ou de rester tranquillement dans leur laboratoire en imprimant seulement à l’air ambiant certaines modifications convenables. M. A. Mosso écrit, par exemple : « Je suis actuellement l’homme qui est monté le plus haut dans l’atmosphère. Autant que je sache, personne n’a été comme moi à la pression barométrique de 192 millimètres, ce qui correspond à 11 650 mètres. » Avant lui, P. Bert, faisant le vide dans une cloche où un chien était enfermé, amenait en quelques coups de pompe la pression à 590 millimètres. L’animal était transporté du coup à 2 000 mètres de hauteur, au col du Simplon, au Montanvert, à l’Eggishorn ou à Arolla. Encore quelques coups de pompe, le voici au sommet du Chimborazo, à 6 420 mètres, avec une pression de 340 millimètres. Après ce dernier coup, la pression baisse à 248 mil-