au contraire, — et les grandes entreprises analogues faites avec succès dans d’autres parties du monde aussi ingrates par des peuples doués d’initiative, et l’étude même des régions à traverser, — qu’il s’agit d’une œuvre simple, ne sortant aucunement des données connues et n’offrant aucuns risques spéciaux.
La recherche de la paternité des idées est toujours délicate. Bien des hommes ont, à des périodes plus ou moins distantes, tantôt avec netteté, tantôt simplement dans ses lignes générales, la conception d’une grande œuvre. L’idée du Transsaharien est assez ancienne ; elle date tout au moins de quarante ans. Le premier qui l’ait formulée sans ambiguïté est le général Hanoteau, en 1839, alors chef de bataillon du génie et commandant supérieur à Dra-el-Mizan. Dans la préface d’un livre très spécial, un Essai de grammaire de la langue tamachek, il s’exprimait ainsi : « La première caravane de R’at (Ghat), sous l’escorte des Imouchar (Touareg), arrivait à Alger précisément au moment où commençaient les premiers travaux du chemin de fer d’Alger à Blidah. Cette coïncidence, toute fortuite sans doute, n’est pas moins d’un heureux présage, et qui sait si, un jour, reliant Alger à Timbouctou, la vapeur ne mettra pas les tropiques à six journées de Paris ? »
Laissons de côté, pour le moment, la question de tracé, que nous traiterons plus loin ; voilà donc quarante ans qu’un officier du génie de notre armée d’Afrique, futur officier général, très au courant des populations indigènes du Sahara, a non seulement prévu et annoncé le chemin de fer transsaharien, mais a trouvé la formule décisive : « les tropiques à six jours de Paris. » Encore ces six jours sont-ils de trop : treize heures, qui seront bientôt réduites à douze, de Paris A Marseille, vingt-six à vingt-sept heures de Marseille à Philippeville ou à Alger, ensemble quarante, puis, avec les lignes ferrées déjà existantes, environ 3 000 kilomètres pour arriver dans la région du lac Tchad, soit, à la vitesse modérée de 32 kilomètres à l’heure, quatre-vingt-quatorze heures, en tout cent trente-quatre, cela ne fait que cinq jours et demi ; dans ces conditions, les tropiques seraient, non seulement à moins de six jours de Paris, mais même à moins de six jours de Londres. Supposez que, un peu plus tard, avec quelque