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AU SEUIL DU DÉSERT

DERNIERE PARTIE[1]


IV


Ouargla est peut-être, avec Mourzouk, la ville
la plus insalubre du désert.
(Schirmer. Le Sahara.)


A Ouargla, tout le monde est malade. Noyée dans une mer de verdure, entourée d’eaux croupissantes, la ville est singulièrement malsaine ; la fièvre y est à l’état permanent, et le terrible été dernier n’a épargné personne. Les deux officiers français sont épuisés et un sous-officier est, pendant que nous sommes là, en train de mourir.

Encore maintenant, au commencement d’octobre, les après-midis sont brûlans, les nuits, chose rare dans le Sahara, à peine plus fraîches que le jour. Durant les trois journées que nous passons ici, la température oscille entre 46° et 48°. Jointe à l’intense réverbération des sables, à la lourdeur irrespirable de l’air chargé d’humidité, cette chaleur est insupportable et épuisante. Et encore, paraît-il, il ne faut pas nous plaindre : en juillet et en août, le thermomètre, qui n’est jamais descendu au-dessous de 50°, est monté jusqu’à 55° ! Les Européens ne résistent pas à de pareilles températures et ceux qui échappent aux fièvres tombent sous les coups des maladies de foie. Aussi, à part deux officiers,

  1. Voyez la Revue du 1er août.