profondes où il se dissimule, et l’étaler, pantelant, sous les yeux du spectateur de cette chasse ardente. Nulle figure de femme, en notre époque tourmentée et diverse, n’échappe à la perspicacité de ses regards pénétrans. C’est ainsi qu’après une énumération d’une verve étincelante, qui embrasse les types innombrables de la femme contemporaine, elle ajoute quelque part : « Dans tout cela, pour moi, pas un visage inconnu, pas une apparition étrangère. Car je les ai toutes vues, interrogées et lues, comme nul homme ne les voit, ne les interroge et ne les lit. J’ai reçu de ces confidences qu’on n’échange que de femme à femme, et dont la portée s’étend encore sous ce regard maçonnique avec lequel nous nous considérons les unes les autres, et déchiffrons cette écriture secrète, intelligible aux savantes comme aux ignorantes, dans laquelle les plus bêtes comme les plus fines expriment leurs sensations intimes ; tandis que, devant ces signes mystérieux, tous les hommes, les intelligens comme les stupides, demeurent béans, avec le même visage stupéfait. Je les connais toutes, avec les détails de leur histoire, ceux qu’elles m’ont racontés, et ceux qu’elles ne m’ont pas confiés, et ceux qu’elles m’ont présentés sous un jour faux : car je suis femme comme elles, et fille de la même époque. »
Et ailleurs : « Je connais peu de jouissance plus complète que la lecture des écrivains modernes. Non pour ce qu’ils ont à dire, mais pour ce qu’ils ne peuvent parvenir à cacher. En écrivant leurs livres, ils écrivent leur histoire intérieure. On feuillette un ouvrage, on lit vingt lignes ; dans le mouvement et dans la tonalité de ces vingt lignes, on sent aussitôt le degré d’activité du pouls et la chaleur du sang. Comme une sûre oreille perçoit une fausse note unique dans le fracas d’un orchestre, l’instinct psychologique assuré peut discerner dans l’exécution poétique la plus achevée ce qui est sincère et ce qui est feint, deviner les passages où l’auteur éprouve une sensation brûlante, et ceux dans lesquels il simule la chaleur ; arracher à son tempérament réel le masque conscient ou inconscient dont il le couvre ; décider enfin : ceci est du métal pur, et voici, d’autre part, de médiocre alliage, au moyen duquel l’artiste se dupe lui-même et trompe ses auditeurs. »
A lui seul, le ton de ces deux confidences, joint à la manière dont les termes on sont choisis, peut indiquer déjà la nuance dominante de la psychologie de Mme Marholm, et le terrain sur