Castelar était à Genève dans les derniers jours de septembre 1868. Il apprit là les graves événemens qui mettaient fin à son exil : la flotte soulevée à Cadix par l’amiral Topete ; la victoire de Serrano au pont d’Alcolea ; l’installation d’une junte insurrectionnelle à Madrid ; l’arrivée en France de la reine Isabelle. Il n’y avait plus de monarchie ; Castelar pouvait rentrer en Espagne. Il n’était point de ceux qui venaient de faire la révolution ; mais il était au premier rang de ceux qui en avaient préparé le triomphe. Il ne fut pas oublié, quoique absent : les vainqueurs lui réservaient le portefeuille du fomento (ce portefeuille composite qui réunit tant bien que mai trois administrations si différentes : l’instruction publique, les travaux publics et le commerce. Il s’empressa de refuser. Sa joie se montrait prudente ; il redoutait de s’engager à distance et au pied levé. D’ailleurs, comment entrer, surtout comment rester dans un gouvernement où, selon toute
- ↑ Voyez la Revue du 1er août.