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Et tu vois resplendir vers l’Orient béni,
Telle une fleur céleste aux pétales de flamme,
L’Étoile du Matin, ce lys de l’Infini !
 

LE CROISSANT


Les pourpres du couchant étalaient leur magie ;
Un autre Phaéton, guidant le char du dieu,
Avait-il de nouveau mis l’horizon en feu,
Comme aux jours merveilleux de la Mythologie ?

Une tache de sang par la brume élargie
S’arrondissait, vermeille, et semblait le moyeu
De quelque roue énorme arrachée à l’essieu,
Et du sang des chevaux encor toute rougie.

Au-dessus de l’immense embrasement, plus haut
Que les débris épars du divin chariot,
Le Croissant dans l’azur courbait sa fine lame ;

Sans doute un des coursiers, dans l’abîme roulant.
Avait derrière lui de son sabot de flamme
Laissé tomber au ciel ce fer étincelant.


PAUL MUSURUS.