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près de moitié des courses — 822 — sont inférieures à 1200 mètres, et 80 pour 100 sont au-dessous de 1 600 mètres, tandis que 30 pour 100 seulement de nos épreuves françaises sont d’une longueur inférieure à 2 000 mètres.


IV

Pour être capable d’accomplir la besogne à laquelle on le destine, le yearling — poulain de 12 à 15 mois — est envoyé, en septembre, du haras au dressage qui dure jusqu’au milieu de décembre. Au printemps, commence l’ « entraînement. » Cet art, qui consiste à amener le jeune cheval, par une pente insensible, de l’état naturel à la condition artificielle où il développera ses qualités latentes, semblait, il y a un demi-siècle, fait de pratiques mystérieuses et de médecines secrètes, si l’on consulte les traités parus, comme celui d’Eugène Gayot, en 1839. Il est aujourd’hui plus rationnel ; les purgations, les suées, les galops sous de triples couvertures continuent à faire partie de la préparation du coursier ; mais les entraîneurs s’accordent à dire qu’il n’existe pas de règle fixe et que chaque bête doit être traitée selon sa nature. Le cheval et l’homme qui le panse doivent se plaire ; le bon stud-groom — chef d’écurie — ne néglige pas ce détail : telle jument délicate et peureuse refusait de se laisser approcher dans son box par aucun palefrenier. Count, qui l’avait en pension, se dit : « C’est une bête timide, je lui donnerai un homme innocent. » On en charge un petit gamin ; elle sent un faible comme elle et se laisse faire.

La toilette est longue en effet ; les soins dont le pur-sang est l’objet, depuis la crinière jusqu’aux sabots minutieusement grattés sur une serviette, rappellent ceux d’une petite maîtresse aux mains d’une adroite fille de chambre. Aussi le service de deux quadrupèdes suffit-il à occuper entièrement la journée d’un homme. Plus les chevaux se fatiguent, moins ils ont faim ; au lieu de 18 litres d’avoine en hiver, saison du repos, ils n’en absorbent que 12 litres durant la période d’exercice ; encore a-t-on soin, pour conserver leur appétit, de les tenir toujours un peu en dessous de ce qu’ils peuvent manger. Cette avoine, mélangée de carottes et de jeune trèfle, est d’ailleurs renouvelée fréquemment. Pour qu’ils aient toujours une assiette propre, on enlève le grain qu’ils laissent dans leur mangeoire et l’on donne ces restes à des