Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/655

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marche ou le Vésinet, répondirent qu’ils avaient fait des frais pour leurs terrains et leurs tribunes ; que le public ne se contentait plus des estrades de comice agricole, bâchées de toile, qui lui suffisaient en 1840, et que nul n’oserait plus offrir aux chevaux des pistes comme celles du Champ-de-Mars ou de Satory. La Société d’encouragement ne se paya pas de ces insidieux prétextes. Elle édicta que tout animal, ayant couru dans une réunion où le Code des courses n’est pas en vigueur, serait « disqualifié, » exclu de. la totalité des hippodromes français qui ont adhéré à ce Code. Les sociétés, ainsi mises à l’index, n’auraient pas tardé à se voir délaissées par toutes les écuries sérieuses ; elles se soumirent et acceptèrent les règles promulguées par leur aînée, dans l’intérêt de l’élevage national.

Il se pourrait qu’en scrutant avec quelque rigueur le budget des anciens « suburbains », aujourd’hui syndiqués en « Société sportive d’encouragement », on demeurât surpris de l’élévation de certains traitemens, alloués à des fonctions d’une utilité problématique, rappelant un peu celle d’« inspecteur du gaz dans une riche famille parisienne » dont une opérette d’autrefois faisait mention. Le taux de certaines locations semblerait excessif aussi à l’œil d’un appréciateur trop sévère. Mais le principe est sauf, et les administrations ainsi attaquées ne se feraient pas faute d’insinuer que leur gestion n’est pas seule critiquable et que telle société de premier ordre, comme celle des Steeple-chases de France, ne fut pas, au temps de la monarchie du prince de Sagan, à l’abri du reproche de prodigalité.

Les inspecteurs des finances trouvèrent, dans ce dernier budget, des chapitres qui les étonnèrent, eux, que la vérification des comptes de l’Etat a dès longtemps blasés sur les magnificences du coulage. Ils remarquèrent, par exemple, que les programmes, le bulletin officiel et le calendrier des courses, — toute compensation opérée entre le coût de leur impression et le produit de leur vente, — procuraient à Longchamps une recette de 58 000 francs et de 5 000 francs seulement à Auteuil, bien que l’affluence annuelle du public soit la même sur ces deux hippodromes. Quoi qu’il en soit de légères différences, résultant, à l’avantage de la Société d’encouragement, de ses règles d’une sévère économie, nos courses françaises ont toutes le caractère d’institutions désintéressées. Il n’en est pas du tout de même en Angleterre.