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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE[1]

LES COURSES. — CHEVAUX ET JOCKEYS.

Ce siècle, démocrate pour les hommes, est aristocrate pour les chevaux. A ceux-ci, le peuple souverain pardonne d’avoir des aïeux ; même il les en estime davantage, et leur noblesse, la plus ancienne de toutes, sera bientôt la seule qui survive au naufrage des patriciats de race humaine. Pas de famille royale dans l’univers, dont les parentés les plus lointaines soient aussi bien enregistrées et en si bon ordre que celles de la haute caste chevaline. Pas de dictionnaire généalogique, de Père Anselme ou de Chérin, de Gotha ou de Peerage, qui puisse, sous le rapport de l’intégrité, se comparer aux Stud-Books des divers pays. Dans ces nobiliaires internationaux des grandes familles hippiques, dont la France seule remplit déjà onze volumes, nul ne saurait faire admettre d’autres animaux que ceux à qui leur naissance donne le droit d’y figurer. Ni l’argent, ni l’intrigue, n’auraient pouvoir d’y glisser les intrus qui de tout temps s’introduisent par ruse dans les almanachs princiers.

  1. Voyez la Revue du 15 avril.