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les industries minières, et tout d’abord par celle qui a pour objet l’exploitation des gîtes aurifères. Bien que nous ne partagions pas l’opinion de ceux qui attribuent une importance excessive à l’augmentation de la quantité des métaux précieux qui circulent dans le monde, nous reconnaissons que la mise au jour annuelle de centaines de millions, de milliards d’or, a une influence sur les marchés monétaires et par suite sur l’ensemble des phénomènes qui en dépendent. Les découvertes des champs miniers de l’Afrique australe, de l’Australie occidentale, l’impulsion nouvelle donnée aux exploitations plus anciennes des Etats-Unis et du Mexique, ont été au nombre des facteurs intéressans de la période contemporaine, mais beaucoup plus à cause du stimulant qu’elles ont donné à l’esprit de travail et d’entreprise que par l’effet matériel de quelques centaines de tonnes de métal jaune versées tous les ans dans la circulation.

On estime, pour 1898, la valeur de l’or produit à 1 500 millions, celle de l’argent à 500 millions, en le comptant à cent francs le kilogramme, c’est-à-dire à peu près son prix marchand à l’heure où nous écrivons. Les poids respectifs de cette production des deux métaux précieux sont d’environ 440 tonnes d’or et 5 000 tonnes d’argent, un atome par rapport à ceux du fer, de l’acier, de la houille qui sont, dans la même période, sorties des entrailles du globe ou des usines qui travaillent le minerai[1].

Les autres industries minières fournissent des masses qui laissent ces chiffres bien loin derrière elles : on estime, par exemple, que les Etats-Unis ont produit, en 1898, plus de 12 millions de tonnes de fer et d’acier. L’humanité réclame des quantités croissantes de fer, de cuivre, de plomb, et d’autres métaux, dont la production s’augmente chaque année : mais, comme la demande va plus vite encore que l’offre, les prix montent. La tonne de cuivre, qui valait environ 1 250 francs en 1898, vaut 1 900 francs en juin 1899. Le warrant de fer, coté à Glasgow 55 francs l’an dernier, l’est à 80 aujourd’hui. La tonne de plomb coûte 560 francs ; celle de zinc, 700 francs. La tonne de houille a partout augmenté, mais dans des proportions si variables, selon les pays et les qualités du charbon, qu’il serait difficile d’indiquer un prix moyen. Sauf pour le cuivre, dont les stocks subsistent et dont

  1. Il est vrai que si, au lieu du poids de l’or extrait, nous considérons celui du minerai, 1 500 millions d’or, à raison de 50 francs de métal en moyenne par tonne de minerai, ont exigé une extraction de 30 millions de tonnes.