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aux travaux de la prochaine conférence et pour l’associer, ultérieurement, à l’exécution des mesures qui seraient décidées. C’est à peu près au même moment qu’un journal de Naples, le Don Marzio, annonçait que les représentans du royaume d’Italie sortiraient de la conférence de La Haye, si l’on proposait à la conférence de rendre hommage à la lointaine coopération du Souverain Pontife. La coïncidence entre la courtoisie sincère de la reine Wilhelmine et l’ombrageux acharnement de la Consulta fut très remarquée au Vatican. Ainsi, l’Italie royale multipliait précautions sur précautions, et chacune de ses exigences prenait un aspect d’ultimatum : après avoir menacé de ne point entrer, elle menaçait de sortir.

Décidément les assurances du comte Mouravieff, d’après lesquelles les résultats des traités ne seraient point discutés, ne suffisaient point à dissiper les inquiétudes du Quirinal. Il semblait qu’il se rendît compte que l’état de choses existant à Rome n’est point le résultat des traités, que la convention du 15 septembre 1864, échangée entre le roi galant-homme et l’empereur des Français, fut le dernier acte diplomatique relatif à la Ville Éternelle, et que l’assaut du 20 septembre 1870 ne fut pas explicitement ratifié par le protocole des nations. L’histoire n’aime pas les situations obscures et confuses ; il advient qu’elle les prolonge, mais en les prolongeant elle s’amuse à les embrouiller ; et ces situations, un jour, deviennent une cause de gène, non seulement pour ceux qui en bénéficient, mais pour tous leurs voisins. La question romaine, cette année même, a contraint la conférence à se priver d’un concours qui eût été un élément de succès.

La conférence s’ouvrit, dans la seconde quinzaine de mai : l’Osservatore romano, à l’instigation du Vatican, la salua d’un article sympathique, qui ne contenait ni insinuations ni récriminations. Comment s’en déroulèrent les travaux et quel couronnement on en peut attendre, d’autres le diront ici même. On crut observer que, dans les discussions délicates relatives à l’arbitrage, la principale préoccupation des représentans de l’Italie fut d’écarter toute combinaison dans laquelle le Saint-Siège pourrait jouer un rôle prééminent ; il serait injuste de leur reprocher d’avoir été fidèles à leur consigne. On sentait, à la conférence, qu’en raison des instructions qu’ils avaient reçues, ils n’avaient pas la même indépendance d’esprit que les représentans des autres États ; et