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LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
ET LE SAINT-SIÈGE


I

Le 30 août 1898, M. Tcharykoff, ministre résident de l’Empereur de. toutes les Russies auprès du Saint-Siège apostolique, transmettait au cardinal Rampolla, secrétaire d’Etat de Léon XIII. la première circulaire de M. le comte Mouravieff. Elle avait été remise directement, par la chancellerie de Saint-Pétersbourg, aux ministres accrédités auprès du Tsar, afin qu’ils la fissent connaître à leurs gouvernemens respectifs. Comme il n’y a point de nonce sur les bords de la Neva, M. Tcharykoff était désigné pour être l’intermédiaire. La lettre personnelle qu’il joignit à la circulaire donnait à cette haute commission tout son poids et tout son prix. Il affirmait en propres termes, dans cette lettre, la « profonde vénération » du Tsar pour le Pape, pour la « sagesse » de Léon XIII, pour son « amour de la paix, maintes fois manifesté. » Ce n’était pas tout : l’intelligent interprète des volontés impériales, après avoir rendu témoignage au caractère du Pape, esquissait comme un geste d’hommage envers l’institution même de la Papauté : il remontait, à travers l’histoire, jusqu’aux pontifes du moyen âge, qu’il appelait « les promoteurs zélés de la paix universelle, » et il avait un souvenir pour la Trêve de Dieu. Le tsar Nicolas, en chargeant son ministre résident de faire parvenir au Vatican la circulaire du comte Mouravieff, lui avait évidemment donné l’ordre de montrer immédiatement, par son langage, que cette communication dépassait la banale portée d’une courtoisie diplomatique ;