populaires ; ou bien ils groupent autour d’un sujet unique une suite de sonnets, suivant encore en cela l’exemple de Belli lui-même, à qui il est arrivé çà et là de conduire un récit en deux ou trois sonnets, parfois davantage (il en a cinq sur une histoire de revenans), et qui a composé un véritable poème de trente-quatre sonnets, pleins de verve et d’esprit naturel, sur les réflexions que suggère à une troupe de bons compagnons d’osteria le Còllera Mòribbus. De ces poètes ce qu’on peut dire de plus net, c’est qu’ils cherchent à « faire du Belli, » et ce qu’on peut dire de mieux, c’est qu’ils ne restent pas trop loin, quelquefois, de leur modèle : tel Luigi Ferretti, qui a conté un peu trop longuement, avec une intention d’anticléricalisme trop visible, mais avec une malice parfois amusante, en une suite de cent sonnets, les discussions d’un curé avec un gamin de Rome sur les matières du catéchisme (La Duttrinella) ; tels Augusto Marini, — Augusto Sindici, qui a voulu étendre le champ de la poésie dialectale romaine en y faisant pénétrer le langage des alentours de Rome, — Giggi Zanazzo, collaborateur du journal populaire Rugantino e Casandrino, le plus connu, parmi le peuple de Rome, des imitateurs de Belli, — Nino Ilari, — Adolfo Giacquinto, cuisinier et poète satirique. Chacun de ces talens, qui ne sont point négligeables, a bien sa nuance propre, sa teinte légère d’originalité. Mais ils continuent l’œuvre de Belli ; ils ne poussent pas leur effort dans une direction nouvelle. Seul Cesare Pascarella a trouvé le moyen de faire, après Belli, et, si l’on veut même, d’après lui, autre chose que lui.
M. Cesare Pascarella, qui est né à Rome en 1838, est, personnellement, un homme fort original, Romain de Rome, adorateur de sa ville comme un Parisien l’est de Paris, ami des longs voyages à pied et du travail solitaire, ennemi de la pose et de la réclame. Il se révéla d’abord au public en qualité de gorille, dans une arche de Noé organisée par je ne sais quel cercle artistique au profit de je ne sais quelles victimes. Ce fut son premier triomphe. On l’entraîna au journal le Fracassa où Pietro Cossa, l’un des plus illustres auteurs dramatiques de l’Italie en ce siècle, réussit, non sans peine, à lui faire réciter ses premiers vers ; et Cossa dit, en secouant la tête : « Ce garçon-là continuera l’œuvre de Belli.» La littérature n’était cependant pour Pascarella, en ce moment de sa vie, qu’une distraction. Il était peintre d’ânes. Non qu’il eût pour cet animal une affection particulière ; mais c’était un modèle facile à trouver et qui ne coûtait pas un sou. — « S’il se faisait