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à de sérieuses critiques ; mais il n’en est point auquel on ne puisse emprunter des notions exactes. Tous sont illustrés de figures exécutées avec soin. Mais le malheur, c’était toujours que les élèves, pendant que le maître parlait, n’avaient pas les figures sous les yeux, ces figures qui d’ailleurs, en raison du format adopté, étaient réduites à une faible échelle. Voyez-vous le maître obligé, pour confirmer ses dires, de s’interrompre et de faire passer de main en main, dans la classe, le livre duquel il a tiré les élémens de sa leçon ?

En dépit de toutes ces difficultés et de toutes ces insuffisances, le nouvel enseignement reçut partout bon accueil, tant il se trouvait répondre à un secret désir des esprits cultivés. Là où en furent chargés des maîtres d’esprit curieux, il eut même un succès très marqué ; dans plus d’un lycée de Paris et de province, on vit les élèves de la division classique, rhétoriciens et philosophes, demander à suivre ce cours qui ne leur était pas destiné ; ils s’y montrèrent assidus, pendant toute l’année, jusqu’à l’approche des examens. Ce fut sans concert préalable que ce mouvement se produisit ; mais il n’y en avait pas moins là comme une sorte de protestation indirecte contre la décision par laquelle ces jeunes gens se sentaient placés, au regard de leurs camarades, dans un état d’infériorité manifeste. C’est à cette infériorité qu’il s’agit de mettre fin ; elle n’a déjà que trop duré. Il est temps d’aviser à placer cet enseignement, là où il existe déjà, dans des conditions meilleures et mieux, définies, comme à le créer dans ces mêmes conditions, là où l’on a, jusqu’à présent, négligé de l’introduire. S’il est démontré que ce devoir s’impose, il ne reste plus qu’à discuter la question des voies et moyens, sans tomber dans la mégalomanie, mais aussi sans s’effrayer, outre mesure, des dépenses nécessaires.


III

La première affaire à régler, c’est le choix des maîtres ; c’est la détermination des mesures à prendre pour que ces maîtres ne restent pas au-dessous de leur tâche. Faudra-t-il, pour obtenir ce résultat, recourir au procédé traditionnel, créer, au titre d’histoire de l’Art, une agrégation spéciale ou, tout au moins, ce que, dans le patois administratif, on appelle un certificat ou un brevet ? Rien ne serait plus facile ; aussitôt l’affiche posée, on verrait accourir