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de l’Ecole de Droit ou de l’Ecole de Médecine, se pourrait-il que le professeur de droit romain ou le titulaire de la chaire d’histoire de la médecine fussent incapables de « s’assurer » du latin d’un candidat ? On leur adjoindrait donc en ce cas un professeur de la Faculté des lettres.

M. Gréard disait encore : « À supposer que ce que l’on a appelé l’examen de carrière pût être la sanction des études secondaires, voit-on les lycées et collèges induits, pour satisfaire les familles, à préparer des candidats à l’épreuve particulière à laquelle ils seraient appelés ? » Nous le voyons très bien, pour notre part ; et, au fait, pourquoi ne les y prépareraient-ils pas, si les circonstances l’exigeaient ? Lycées et collèges, est-ce qu’ils ne préparent pas aux Écoles ? Il s’agit donc uniquement de savoir comment les « grandes administrations » ou les « Écoles spéciales, » — celles auxquelles on prépare, et celles auxquelles on ne prépare pas, — détermineraient le programme de leurs examens d’entrée ? Ou bien encore les lycées et collèges ne « prépareraient » à rien du tout, pas même au baccalauréat, et c’est vraiment alors, c’est alors seulement qu’on pourrait parler d’une « sanction des études secondaires. » Mais il faut décidément choisir ; et c’est ce qu’opérerait la substitution des « examens de carrière » à la prétendue « sanction » du baccalauréat. L’Université de France en aura-t-elle enfin le courage, et, du même coup, celui de ne considérer, dans l’établissement de ses programmes, que les seuls intérêts de l’enseignement ?


V

Cette substitution de l’ « examen de carrière » au « certificat d’études » et au « baccalauréat » aurait en effet d’autres avantages, dont le premier serait de mettre un terme à la controverse qui s’est engagée depuis quelques années sur « l’équivalence des diplômes de l’enseignement secondaire classique et de l’enseignement moderne. » M. Pozzi, dans son Rapport, déclame assez agréablement sur ce thème de renseignement moderne : « L’éducation jésuite et janséniste du siècle dernier, nous dit-il, avait pour objet de former soit de jeunes soigneurs, soit de futurs prébendaires et bénéficiaires, — lisez « prébendiers » et « bénéficiers, » — et, en un mot, des hommes de luxe ; l’enseignement universitaire de la première moitié de ce siècle s’adressait surtout