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l’impéritie desdits politiciens. C’est au surplus un sujet trop vaste pour que je puisse aujourd’hui faire autre chose que de l’indiquer en passant. Mais, si j’avais besoin d’un exemple pour montrer que les questions pédagogiques sont bien des questions sociales, celui-ci suffirait. Le baccalauréat n’est de rien ou de presque rien dans ce que l’on a justement appelé le progrès du « prolétariat intellectuel, » mais c’est l’organisation tout entière de notre enseignement universitaire qui en est responsable ; — et nous essaierons de le montrer quelque jour.

Est-ce à dire, après cela, que nous proposions de maintenir le baccalauréat tel qu’il est ? Non, sans doute ! Et il est vrai, — nous venons de dire pourquoi, — que les critiques de M. Pozzi et de M. Combes n’ont pas grande importance à nos yeux. Mais ce que nous reprochons au baccalauréat, c’est, pour ainsi parler, d’être à la fois et de ne pas être. On ne saurait le définir ou le caractériser. Le baccalauréat n’est, à proprement parler, ni un certificat d’études, ni un examen de capacité, ni un examen d’État, et, quoique n’étant rien de tout cela. il est à la fois tout cela. On le passe sans gloire ; et il ne confère, à vrai dire, aucun droit, mais il n’en est pas moins une espèce de titre. Un bachelier n’est rien, et son diplôme est pourtant quelque chose ; il a une sorte de valeur sociale. Il ne mène lui-même à rien, mais il ouvre beaucoup de carrières. Et personne enfin n’en fait moins d’estime que ceux qui le décernent ; qui n’ont rien épargné pour le discréditer ; mais ils tiennent pourtant à le décerner ; et ceux à qui on le décerne considèrent qu’en le leur décernant la puissance publique les élève elle-même d’un degré dans l’échelle sociale au-dessus de tous ceux qui ne l’ont pas obtenu.


III

Si l’on se place à ce point de vue pour étudier la proposition de M. Combes, on s’apercevra promptement que l’adoption n’en changera rien au fond des choses. « Il est institué, dit le premier article de la Proposition comme épreuve terminale des études secondaires, un certificat d’études »... et, ajoute le second article : « Ce certificat ne peut être obtenu qu’après deux examens passés avec succès, l’un à la fin de l’avant-dernière année scolaire, l’autre à la fin de la dernière année. » Le seul avantage de cette disposition, si c’en est un, serait de ruiner en apparence, — mais