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ENCORE LE BACCALAURÉAT


I

« Pour un savant contemporain, les langues anciennes sont, pour ainsi dire, un objet de luxe. Qui oserait soutenir que ce ne soit pas un luxe inutile, et que nos médecins contemporains, au milieu des progrès incessans qui sollicitent leur attention et absorbent leurs loisirs, aient le temps de savourer une Ode d’Horace ou une Idylle de Théocrite ?... «Ainsi s’exprime un sénateur, l’honorable M. Pozzi, dans un Rapport qu’il vient de faire « au nom de la Commission chargée d’examiner la proposition de loi de M. Combes sur la réforme des sanctions de l’Enseignement secondaire ; » — et, tout de suite, une question s’élève, qui est de savoir où et quand M. Pozzi, chirurgien contemporain et illustre, « au milieu des progrès incessans qui sollicitaient son attention et absorbaient ses loisirs, » a eu le temps d’étudier le problème des sanctions de l’enseignement secondaire ? Car cela est un peu plus long que de « savourer une Ode d’Horace ou une Idylle de Théocrite. » Mais il y a des grâces d’état ! Plus puissant que n’était autrefois l’onction sainte, le suffrage populaire investit ses élus d’une compétence illimitée. Ou plutôt, que parlons-nous ici de compétence ? et qui donc demande à nos sénateurs ou à nos députés de connaître les questions qu’ils traitent ? A vrai dire, nous n’exigeons d’eux que de satisfaire au pouvoir leurs passions de parti ou les passions de leur parti ; et pourquoi nos chirurgiens n’y réussiraient-ils pas aussi bien que des avocats ?

Il est donc tout naturel que le Rapport de M. Pozzi sur la réforme du baccalauréat. — car, ai-je dit que la « réforme des sanctions de l’Enseignement secondaire » se réduisait tout simplement