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à la concentration de celle-ci ; la lumière solaire concentrée au moyen de l’appareil tue les bactéries quinze fois plus rapidement que ne le fait la lumière directe, et les rayons de l’arc voltaïque sont plus actifs encore que les rayons solaires. Par une expérience des plus ingénieuses, M. Finsen s’est assuré que le sang est le principal obstacle à la pénétration de la lumière dans les tissus. C’est pourquoi, lorsqu’on en vint à l’application médicale, il fallut recourir à des artifices afin de chasser le sang des parties du corps soumises à l’action lumineuse ; on employait à cet effet des appareils spéciaux destinés à comprimer les vaisseaux sanguins.

M. Finsen a fait l’application de la lumière concentrée au traitement de quelques maladies d’origine infectieuse, et surtout du lupus. La surface malade était soumise à l’action des rayons concentrés, segment après segment, jusqu’à complète disparition des signes morbides. S’il se produisait de nouveaux nodules, le traitement était renouvelé. A la suite d’un traitement suffisamment prolongé, on voyait les bords de l’ulcère lupique s’aplanir, la rougeur disparaître, la peau reprendre sa coloration normale et les ulcérations se cicatriser. Dès le commencement du traitement par les rayons concentrés, le placard lupique cessait de s’élargir et de s’étendre.

Après ce mode de traitement M. Finsen n’a jamais vu se produire de véritables récidives ; il est arrivé, à la vérité, que des malades que l’on avait cru guéris se sont représentés avec de nouvelles macules lupiques, mais il s’agissait toujours de foyers d’abord inaperçus à cause de leur faible développement. Un nouveau traitement les faisait disparaître.

M. Finsen emploie depuis quelque temps une lampe à arc de 80 ampères et en concentre la lumière au moyen de lentilles de cristal de roche, substance qui laisse passer les rayons ultraviolets absorbés par le verre ordinaire. Les effets de la lumière ainsi concentrée se sont montrés encore plus efficaces. On vit, dans ces conditions, des nodules lupiques de la grosseur d’un pois disparaître au bout de 15 à 20 minutes d’éclairement. Le nombre des cas traités s’élevait à 59 en décembre 1897 ; ils étaient très divers, tant au point de vue de la forme de l’affection qu’à celui de son étendue et de sa durée ; vingt-trois malades ont été complètement guéris, trente sont restés en traitement et six ont dû cesser le traitement pour des raisons étrangères.